Séisme politique de l’autre côté du Rhin. Lors des élections locales en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, région industrielle et la plus peuplée d’Allemagne, l’AfD a réalisé un score historique : 16,4 % des voix, contre seulement 5 % il y a un an. Autrement dit, le mouvement a triplé son résultat dans un bastion longtemps verrouillé par la CDU et le SPD.
Ce succès ne doit rien au hasard. Depuis sa création en 2013, l’AfD n’a cessé de progresser en capitalisant sur les inquiétudes liées à l’immigration de masse, à l’insécurité et à l’effacement progressif de l’identité allemande. Le tournant date de 2016, lorsque l’opinion publique a découvert avec effroi les agressions sexuelles de la nuit du Nouvel An à Cologne. Depuis, la croissance du parti est continue, jusqu’à devenir la première force politique dans certains Länder de l’Est, comme en Thuringe, où il a atteint 33 % en 2024.
Cette fois-ci, c’est l’Ouest prospère et industriel qui envoie un signal. Le SPD recule encore (22,6 % contre 24 % il y a cinq ans), les Verts s’effondrent de 8,5 points (11,7 %), tandis que la CDU se maintient mais ne progresse plus (34,2 %). En clair, les grands partis traditionnels s’usent, et l’AfD s’installe durablement comme alternative.
À l’échelle nationale, le mouvement mené par Alice Weidel a déjà obtenu 20,8 % aux dernières élections fédérales. Son objectif est clair : devenir le premier parti du pays. Et ce qui paraissait impensable il y a dix ans apparaît désormais plausible.
Le vote allemand, longtemps corseté par la culpabilité historique et la peur des étiquettes, se libère. Ce que les médias appellent « la poussée populiste » n’est rien d’autre que le réveil d’un peuple qui refuse d’être sacrifié sur l’autel du multiculturalisme et des lubies écologistes.
La percée de l’AfD en Rhénanie-du-Nord-Westphalie n’est pas un épiphénomène. C’est un avertissement. Si même l’Ouest industriel et longtemps fidèle aux partis du système bascule, c’est que l’Allemagne est entrée dans une nouvelle ère politique.