Marine Le Pen ne lâche rien. La nomination de Sébastien Lecornu à Matignon ne change pas sa ligne : l’objectif reste la dissolution de l’Assemblée nationale. Pour elle, le macronisme vit ses derniers instants, enfermé dans un bunker d’apparatchiks, et l’avenir se dessine déjà aux couleurs du Rassemblement national.
En deux phrases, la présidente du RN a résumé la situation : « le Président tire la dernière cartouche du macronisme », et après les élections inévitables, « le Premier ministre s’appellera Jordan Bardella ». C’est plus qu’une provocation : c’est une proclamation de victoire anticipée. Bardella lui-même, dans son rôle de dauphin impatient, enfonce le clou : comment un fidèle de Macron romprait-il avec une politique conduite depuis huit ans ? La réponse est évidente. Lecornu ne sera pas un homme de rupture, mais de continuité.
Certes, au RN, on reconnaît à l’ancien ministre des Armées une qualité rare : il écoute. Les députés frontistes siégeant à la commission de la Défense en ont témoigné. Les rumeurs de dîners partagés avec Marine Le Pen et Bardella en disent long sur une certaine proximité. Mais tout cela est désormais caduc : « on s’en fout de la personne », lâchent les stratèges lepénistes. Ce n’est pas une question de style ou d’entregent, c’est une question de pouvoir.
Marine Le Pen sait que la clé est désormais dans la dissolution. Elle joue la montre, accélère la pression, et prépare ses troupes à un affrontement direct avec l’exécutif. Derrière elle, ses députés multiplient les avertissements : « son budget sera RN ou son gouvernement ne sera pas ». Laure Lavalette, déjà en campagne municipale, enfonce le clou : Lecornu connaît l’Eure, département où le RN est solidement implanté. Autrement dit : il n’a aucune marge.
Le contexte judiciaire ajoute une urgence dramatique à la stratégie. Condamnée à cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire, Marine Le Pen attend l’appel en janvier comme une épée de Damoclès. Si la sentence est confirmée, Bardella deviendra le candidat naturel de 2027. Mais d’ici là, la chef du RN veut forcer la main de Macron. Elle le pousse à la dissolution, persuadée que le pays n’attend qu’un signal pour tourner la page.
La nomination de Lecornu n’est donc pas un nouveau départ : c’est une étape vers la fin. Macron tente de gagner du temps, Le Pen veut l’accélérer. Entre le bunker de l’Élysée et la pression de l’opposition nationale, l’affrontement ressemble déjà à un compte à rebours.