Ah, l’Allemagne, patrie des grandes traditions démocratiques… Où l’on peut manifester pour « sauver la planète » sans souci, mais où brandir une pancarte aux couleurs de l’AfD vous vaut d’être aussitôt regardé de travers, fiché, parfois agressé. Et maintenant, cerise sur le gâteau : voilà que sept candidats du parti nationaliste meurent, comme par hasard, à quelques jours d’une élection locale.
Sept décès, dont cinq « naturels », un « suicide » et un encore mystérieux. La police, confiante, balaie les soupçons : rien d’anormal, dormez tranquilles braves gens ! C’est vrai, qui n’a jamais vu une demi-douzaine de candidats d’un même parti s’éteindre au même moment, juste avant un scrutin décisif ? C’est la magie des coïncidences allemandes. À ce rythme, il faudra bientôt rebaptiser la Bundesrepublik en Wunderland.
Bien sûr, les autorités expliquent doctement qu’il y a eu aussi des morts chez les Verts, les Libéraux ou même au Parti de défense des animaux. Comme si la disparition d’un militant végan d’obscure chapelle électorale avait le même poids politique que celle d’un candidat d’un parti qui caracole à plus de 20 % des suffrages. Mais qu’importe, l’argument d’autorité est posé : circulez, il n’y a rien à voir.
Reste que l’affaire tombe étrangement bien pour les adversaires de l’AfD. Chaque décès entraîne la réimpression de bulletins, le report de votes par correspondance, bref une belle pagaille électorale dont on devine qu’elle ne nuira pas forcément aux tenants du système.
Alors, faut-il y voir un complot ? Un grand complot digne des séries Netflix ? Probablement pas. Mais faut-il pour autant avaler sans broncher la version officielle de « morts naturelles » en série ? Chacun jugera. Ce qui est sûr, c’est que dans ce climat où la diabolisation de l’AfD est devenue sport national, la moindre anomalie sent toujours un peu le soufre.
La démocratie allemande adore donner des leçons à toute l’Europe. Mais elle se montre étrangement maladroite quand il s’agit d’assurer l’égalité des conditions de campagne. Entre les interdictions de rassemblements, les pressions médiatiques et maintenant ces « statistiques improbables », l’AfD pourrait presque ouvrir une nouvelle rubrique : « miracles démocratiques made in Berlin ».
Après tout, l’histoire allemande nous a déjà montré qu’elle avait parfois des façons très particulières de concevoir la démocratie. Aujourd’hui, elle en invente une nouvelle : la démocratie où les bulletins de vote se réimpriment au rythme des avis de décès.
