Nouvelle démonstration de la porosité méditerranéenne : la police espagnole, avec l’appui d’Europol, vient de démanteler un vaste réseau de passeurs reliant l’Algérie à l’Union européenne. Quinze canots à moteur, des jerrycans d’essence par centaines, des armes à feu et près de 70.000 euros en liquide : voilà l’arsenal saisi chez ces trafiquants. Leur business ? Faire payer 7.000 euros à chaque migrant pour une traversée de fortune sur des barques de sept mètres, bondées d’hommes et de femmes prêts à tout pour rejoindre l’Espagne.
Le prix de l’eldorado : 7.000 euros
Sept mille euros : c’est plus que le salaire annuel d’un Algérien moyen. Une somme colossale, qui démontre que ces migrations « clandestines » ne sont pas le fruit du désespoir le plus nu, mais bel et bien un commerce lucratif alimenté par des familles et des réseaux communautaires. Derrière chaque départ, une organisation huilée, financée par le système opaque de la hawala, qui permet de transférer des sommes importantes sans laisser de traces dans les banques.
Une organisation criminelle digne d’une multinationale
Les enquêteurs ont mis au jour une véritable entreprise mafieuse, structurée en cellules :
- les unes achetaient les canots et le matériel,
- d’autres stockaient carburant et vivres,
- certaines sécurisaient les traversées,
- et enfin, des relais sur le sol espagnol accueillaient les clandestins à leur arrivée.
Un réseau qui aurait investi près d’un million d’euros en logistique. Loin des clichés du petit passeur improvisé, nous sommes face à des organisations qui fonctionnent comme des PME, avec capital de départ, rentabilité et divisions spécialisées.
La Méditerranée, cimetière et autoroute
En 2024, plus de 400 Algériens sont morts en tentant de franchir la Méditerranée, pendant que près de 9.600 autres réussissaient à atteindre l’Espagne. Autant dire que ce réseau démantelé n’est qu’une branche parmi d’autres d’un trafic tentaculaire. La mer est devenue un cimetière, mais aussi une autoroute pour l’immigration illégale. Et malgré les drames, le business continue, parce que les profits sont immenses et les sanctions dérisoires.
Quand l’Europe se contente d’écoper…
Il faut s’interroger : combien de réseaux semblables continuent d’opérer en Algérie, au Maroc, en Tunisie ou en Libye, pendant que Bruxelles ferme les yeux ? On se félicite d’une saisie, de quelques arrestations, mais chaque filière brisée est aussitôt remplacée. La mécanique est implacable : demande forte, offre criminelle, passivité politique. Résultat : ce sont nos côtes qui servent de portes d’entrée à une immigration clandestine massive.
Le vrai scandale
Le scandale n’est pas seulement dans le trafic. Il est dans le fait que des États, en Afrique du Nord, laissent ces départs se multiplier, tout en négociant avec l’Europe aides et accords commerciaux. L’Algérie, riche de ses hydrocarbures, laisse prospérer ces routes clandestines. Et nous, Européens, payons deux fois : d’abord par les milliards envoyés à Alger, ensuite par le coût colossal de l’accueil des migrants arrivés illégalement.
Un réseau est tombé, mais combien d’autres continuent de faire fortune en vendant des places sur des cercueils flottants ? Tant que l’Europe ne traitera pas le problème à la racine – contrôle des frontières, fermeté diplomatique avec les pays d’origine, sanctions drastiques contre les passeurs et ceux qui les couvrent –, la Méditerranée restera le théâtre d’un trafic où les mafias encaissent, les migrants périssent… et les peuples européens subissent.