Longtemps perçue comme une cité paisible, la capitale auvergnate s’enfonce désormais dans un climat que ses habitants n’auraient jamais imaginé. Depuis janvier, trois homicides, une tentative d’assassinat et une dizaine de fusillades ont ensanglanté la ville. Tous les voyants sont au rouge : +59 % d’infractions liées aux stupéfiants en un an, 737 interpellations, près de 100 kg de drogue saisis.
Le trafic de drogue ne se cache même plus. Gare, avenue Charras, quartier Saint-Jacques : les guetteurs tiennent le pavé à toute heure, comme s’ils étaient chez eux. Les rixes ne se règlent plus à coups de poing mais au couteau et à l’arme à feu. « Même à 18 heures, on ne se sent plus en sécurité », confient des habitants. La ville voit même émerger l’« Uber-shit » : la livraison à domicile de stupéfiants.
Les autorités tentent de réagir. Fermeture d’épiceries de nuit, interdiction de vente d’alcool le soir, descentes de police quotidiennes, nouvelles lois permettant d’interdire de paraître aux guetteurs… Le préfet promet de « créer de l’insécurité chez les dealers ». Mais la réalité est plus têtue : à chaque réseau démantelé, un autre prend sa place, plus violent, plus armé.
Sur le plan politique, l’heure est aux postures. Le maire socialiste dénonce l’« escroquerie » de ceux qui pensent qu’un changement d’étiquette règlerait le problème. L’opposition accuse le pouvoir local d’angélisme et de déconnexion. En attendant, la page Facebook « Saccage Clermont » grossit chaque jour, reflet d’un ras-le-bol qui se transforme en colère.
Clermont-Ferrand rejoint désormais la longue liste des villes françaises rattrapées par la loi des cités et la violence du narcotrafic. Et, comme ailleurs, la question demeure : faudra-t-il encore compter les morts avant de rétablir l’ordre ?