L’orage gronde au-dessus de la Terre sainte. Après des mois d’une guerre sans fin à Gaza, les digues diplomatiques cèdent une à une : la France, la Grande-Bretagne, le Canada, le Portugal, la Finlande… et même l’Allemagne commencent à rompre un tabou vieux de plusieurs décennies en annonçant – ou envisageant – la reconnaissance officielle d’un État palestinien. Un séisme politique pour Israël. Un véritable « tsunami diplomatique » pour citer les mots de l’un des experts interrogés.
Mais que s’est-il passé ? Israël, jadis protégé par un solide mur occidental de soutien inconditionnel, découvre peu à peu la réalité de l’isolement. À force de bombardements, de refus d’apaisement, de provocations verbales et de gouvernement radicalisé, Netanyahou et ses ministres – notamment l’hallucinant Itamar Ben-Gvir – ont poussé leurs alliés les plus fidèles dans leurs retranchements. Quand même Berlin commence à évoquer une reconnaissance de la Palestine, c’est que la coupe est pleine.
Paris a ouvert la voie, et les dominos tombent. Avec, en ligne de mire, une reconnaissance collective à l’ONU en septembre.
Face à cette dynamique, Netanyahou fait grise mine. Il sait que cette vague ne s’arrêtera pas. Il décrète des « pauses humanitaires » à Gaza, espérant calmer les esprits. Trop tard ? Trop peu ? Sans doute. L’image de l’État hébreu, jadis celle d’un petit pays assiégé et résistant, vire à celle d’un Goliath sourd et isolé.
Reste un dernier rempart : Washington. Fidèle au poste, Donald Trump soutient mordicus son allié israélien. Il menace, gronde, impose des sanctions à l’Autorité palestinienne, qualifie la reconnaissance d’« insulte » à la diplomatie. Mais même aux États-Unis, le ton change. La famine à Gaza, les morts civils, les images insoutenables : tout cela commence à fissurer l’armure. Trump lui-même laisse entendre que Netanyahou est difficilement contrôlable. Et si le pilier américain vacille, le château de cartes pourrait s’effondrer.
La situation est historique. En quelques semaines, la question palestinienne, que l’on disait enterrée, revient au centre du jeu mondial. Non plus comme une simple rhétorique de sommet arabe, mais comme un enjeu diplomatique concret pour l’Occident.
Reste à savoir ce que feront les Palestiniens eux-mêmes de cette reconnaissance à venir. Sauront-ils l’unifier, la canaliser, en faire une arme politique non violente et crédible ? Et surtout : Netanyahou acceptera-t-il de voir l’Histoire s’écrire sans lui – ou contre lui ?
L’automne s’annonce brûlant. À New York, en septembre, c’est peut-être une page du siècle qui va se tourner.