« Bloquons tout » : le retour du soulèvement populaire face au mépris technocratique

Illustration : LLP

Sept ans après l’explosion sociale des Gilets Jaunes, la rentrée 2025 pourrait bien voir naître une nouvelle vague de révolte populaire. Cette fois, le cri de ralliement est limpide : « Bloquons tout ». Le mot d’ordre circule en ligne, viral, sans leader ni syndicat, mais avec une détermination froide : paralyser le pays face à un plan d’austérité vécu comme une trahison de plus.

Le pouvoir croyait l’été suffisant pour éteindre la colère. Il n’a fait que la concentrer. François Bayrou, en annonçant 44 milliards d’économies, a relancé une machine que les élites pensaient définitivement brisée. Deux jours fériés supprimés, des services publics étranglés, des coupes claires dans la santé et les retraites : le peuple paie pendant que l’État obèse se gave.


Sur les réseaux, la mobilisation prend de l’ampleur. Pas de cortèges, pas de banderoles : le 10 septembre, ce sera la France immobile. On annonce un boycott massif du travail, des courses, des retraits bancaires, des démarches administratives. Et plus encore : blocages, occupations, désobéissance ciblée. Comme un confinement citoyen, mais cette fois choisi et dirigé contre les vrais responsables du marasme national.

Derrière l’initiative, des figures familières : Jérôme Rodrigues, Anaïs Albertini, Jacline Mouraud… Leurs visages, leurs cicatrices, leur expérience. Mais ce mouvement ne leur appartient pas : il appartient à ceux qui n’en peuvent plus, qui n’ont jamais été écoutés, qui se souviennent du mépris, des gaz lacrymogènes et des promesses jamais tenues.

Le référendum d’initiative citoyenne (RIC), revendication emblématique de 2018, refait surface. La France qui n’a plus de voix réclame de nouveau le droit de décider. La carte des blocages se dessine. Partout, les initiatives locales surgissent, coordonnées, fermes, décidées à ne plus subir.

Et pendant ce temps, le gouvernement regarde ailleurs, comme toujours. À Beauvau, on relativise, on analyse froidement la distance entre les hashtags et la rue. Mais cette analyse a déjà failli en 2018. À force de sous-estimer la lassitude, on laisse monter une rage qui ne demande qu’une étincelle.

Ce qui se prépare, ce n’est pas un carnaval gauchiste ou une jacquerie folklorique. C’est la reprise en main de la parole publique par ceux qu’on appelle encore, avec condescendance, les invisibles. Ce sont eux qui paient la facture, qui remplissent les rayons, soignent les malades, tiennent le pays debout. Et ils n’en peuvent plus.

La révolte vient toujours quand l’espoir meurt. Et à écouter les messages, l’heure n’est plus à la plainte mais à l’action. Le gouvernement aurait tort de ne pas prendre cet avertissement au sérieux : la France réelle n’a pas disparu, elle revient. Plus résolue que jamais.

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