On croit parfois avoir tout vu. Mais le progressisme n’a décidément plus de limite outre-Manche. Sur le site officiel du gouvernement britannique, une offre d’emploi pour le moins singulière est apparue : le ministère du Travail proposait un poste d’“administrateur de la charia”. Non, vous ne rêvez pas. Un poste rémunéré par la Couronne, au sein d’un centre communautaire musulman, exigeant un diplôme en droit islamique… pour gérer les affaires liées aux “services de la charia”.
Une telle annonce n’est pas un simple incident administratif. C’est un signal politique fort : le Royaume-Uni est en train d’institutionnaliser un droit parallèle, incompatible avec l’héritage juridique et moral britannique. Car enfin, depuis quand la charia – avec son cortège d’inégalités entre hommes et femmes, de sanctions religieuses, et de jurisprudence tribale – a-t-elle vocation à coexister, voire s’imposer, dans une démocratie libérale ?
La réaction ne s’est pas fait attendre. Nigel Farage, chef de file du parti Reform UK, a immédiatement dénoncé la dérive : “Notre pays et ses valeurs sont en train d’être détruits”. Rupert Lowe, député indépendant, parle avec justesse d’un “cadre juridique parallèle” et d’un “dégoût absolu”. Même à droite du Parti conservateur, on s’interroge : comment une telle annonce a-t-elle pu franchir tous les filtres administratifs, jusqu’à être publiée sur un portail officiel ?
Mais il serait naïf de croire à une simple “erreur”. Cette affaire illustre l’emprise grandissante d’un communautarisme qui n’a plus peur de dire son nom. Il ne s’agit plus seulement de tolérer des pratiques religieuses dans la sphère privée. Il s’agit désormais d’officialiser leur prise en charge institutionnelle, avec des fonds publics, et ce dans une Angleterre où la charia inspire déjà près d’une centaine de pseudo-“tribunaux religieux”.
Le scandale n’est donc pas seulement l’offre d’emploi elle-même. C’est l’acceptation molle d’une société parallèle, fondée sur des valeurs étrangères à celles des Lumières, de la common law et des libertés fondamentales. Une société où les femmes sont assignées à résidence, où le mariage civil est nié au profit d’arrangements religieux, et où l’autorité des juges est remplacée par celle d’imams autoproclamés.
À quand la même chose en France ? À voir l’obsession de certains à vouloir “reconnaître toutes les cultures”, à flatter l’Islam politique dans les institutions, et à fermer les yeux sur les entorses à la laïcité, on peut se poser la question. L’affaire britannique est une alerte. À nous de ne pas la laisser sonner dans le vide.