Il y a des phrases qui claquent comme une gifle au bon sens. Celle d’Éric Woerth, ancien ministre du Budget, en fait partie. Invité à commenter l’absence de toute mention de l’immigration dans le plan d’austérité de François Bayrou, l’élu de l’Oise a osé : « L’immigration a un coût zéro. »
On se frotte les yeux. Est-ce une bourde ? Un dérapage ? Non : une posture, assumée, revendiquée, martelée. Pour justifier l’impensable — que l’on demande aux Français de se serrer la ceinture sans toucher au plus colossal des postes de dépenses évitables — on ose affirmer que l’immigration ne coûte rien.
Ni les 53,9 milliards d’euros de déficit annuel calculés par Jean-Paul Gourévitch, ni les 3,4 % du PIB estimés par l’Observatoire de l’immigration, ni les études de la Cour des comptes, ni même les témoignages quotidiens des services publics à bout de souffle ne semblent émouvoir Éric Woerth.
Le même Éric Woerth qui, il n’y a pas si longtemps, militait pour la suppression du regroupement familial. Le même qui dénonçait l’inefficacité de notre politique migratoire. Le voilà désormais reconverti en comptable zélé du camp progressiste, reprenant sans ciller les éléments de langage de Terra Nova. L’OCDE aurait parlé, circulez, il n’y a rien à voir.
Mais les Français voient. Ils voient leurs hôpitaux saturés, leurs écoles et leurs commissariats débordés. Ils voient des milliards s’évaporer dans l’Aide médicale d’État, dans les aides sociales sans fin, dans la prise en charge de populations toujours plus nombreuses et souvent inemployables. Ils voient l’insécurité monter et les comptes plonger. Et ils voient que ceux qui gouvernent refusent obstinément de faire le lien.
Car pour la caste, l’immigration est une vache sacrée. On peut taxer le travailleur, rogner les retraites, étrangler les familles avec une fiscalité délirante. Mais on ne touche pas au tabou migratoire. On ne réforme pas l’AME. On ne remet pas en question les droits sociaux automatiques. Et surtout, on ne consulte jamais les Français.
Alors Woerth ment-il ? Pas forcément. Il joue sur les chiffres, les définitions, les périmètres. Il confond volontairement dépenses directes et effets indirects, balance des cotisations et externalités. Il oublie les logements sociaux captés, les classes scolaires saturées, les dépenses de sécurité, de justice, de politique de la ville, et les milliards injectés dans des politiques dites « d’intégration » qui ne fonctionnent pas.
Il oublie aussi les victimes. Car l’immigration, ce n’est pas seulement un coût financier, c’est parfois aussi un coût civilisationnel. Une fracture que la technocratie refuse de regarder en face.
Au fond, Woerth ne défend pas un chiffre, il défend un système. Celui d’un pays tenu par des élites hors sol, prêtes à sacrifier le peuple sur l’autel de leur idéologie. Et tant pis si les caisses sont vides, tant pis si le pays vacille, tant pis si les Français grondent. Le réel attendra.
Mais le réel, lui, ne fait pas de pause. Et les Français, eux, n’oublieront pas.