Dans la 2e circonscription de Paris, c’est une guerre de tranchées qui s’annonce, entre ego boursouflés, coups tordus en coulisses, et appétits présidentiels mal dissimulés. Rachida Dati, actuelle ministre de la Culture, maire du très chic VIIe arrondissement, et candidate aux municipales de 2026, se prépare à livrer bataille pour ravir un siège de député… et barrer la route à un parachuté de la dernière heure : Michel Barnier.
L’un rêve encore de l’Élysée. L’autre rêve de l’Hôtel de Ville. Et au milieu ? Les électeurs, bien sûr, qu’on ne consulte que pour légitimer des ambitions personnelles.
Une législative partielle qui tourne au règlement de comptes
Le siège est vacant depuis que le macroniste Jean Lassucq a été déclaré inéligible. Une aubaine pour Barnier, qui bondit sur l’occasion, croyant flairer là une rampe de lancement pour 2027. Son tweet d’annonce, en pleine conférence de presse de François Bayrou, avait tout de la provocation calculée. À peine posté, déjà partagé : Michel le Savoyard se voyait déjà député de la capitale.
C’était sans compter sur la lionne du VIIe.
Rachida Dati, qui n’a jamais brillé par sa discrétion, voit immédiatement rouge. Ce siège, dans son fief, lui revient de droit. Elle s’organise, mobilise ses réseaux, contacte la commission d’investiture, alerte Renaissance. Il n’est pas question de laisser un vieux routier de la technocratie bruxelloise s’installer dans sa circonscription pour poser les premières pierres de sa candidature présidentielle.
Duel de vétérans, mépris du terrain
Barnier, c’est l’archétype du haut fonctionnaire hors-sol : ancien commissaire européen, ancien ministre des Affaires étrangères, parfait produit d’une droite molle qui préfère les couloirs feutrés de Bruxelles aux réalités des Français. Sa tentative d’atterrir à Paris relève du mépris pour les électeurs locaux. Il vient pour se montrer. Pour exister. Pour rappeler qu’il n’a pas dit son dernier mot.
Face à lui, Dati n’est pas sans défaut. Ministre hyperactive, souvent clivante, plus célèbre pour ses joutes médiatiques que pour une réforme marquante de la Culture. Mais au moins, elle est du terrain. Elle a un ancrage. Et une ligne. Elle veut faire tomber la gauche en 2026, et ce siège de député serait un tremplin naturel pour structurer sa campagne.
La droite parisienne au bord de l’implosion
Ce duel en dit long sur l’état de décomposition avancée des Républicains. Faute de ligne claire, faute de colonne vertébrale idéologique, le parti en est réduit à arbitrer des guerres de personnes. On ne discute plus du fond : immigration, insécurité, fiscalité, urbanisme… Non, il s’agit simplement de savoir qui aura le logo LR sur l’affiche. Genevard tranchera, mais quoi qu’il arrive, une partie des électeurs se détournera. Encore.
Et Renaissance, dans tout ça ? Spectateur amusé ou complice discret, le parti présidentiel pourrait tirer les marrons du feu en jouant sur les divisions. On murmure même qu’un ticket Dati + suppléant Renaissance est déjà dans les tuyaux. Autrement dit : une alliance de circonstances pour barrer la route à un vieux compagnon de route devenu rival.
Et les Parisiens ?
Le plus consternant, dans cette comédie politicienne, c’est l’amnésie collective. La 2e circonscription, comme tant d’autres à Paris, souffre d’un abandon progressif : saleté, sentiment d’insécurité, embouteillages, travaux sans fin, immigration incontrôlée… Mais aucune de ces questions ne semble centrale dans cette campagne annoncée. Il ne s’agit pas d’un combat d’idées. Seulement d’un affrontement de trajectoires personnelles.
Ce qu’attendent les électeurs, ce n’est ni Dati, ni Barnier. C’est du courage. De la clarté. Une droite qui assume. Une droite qui cesse de courir après le centre mou et le macronisme opportuniste. Et peut-être, dans le tumulte, émergera enfin une voix qui parle au peuple