Nouvelle-Calédonie : l’art de Macron de concéder sans trancher

Illustration : LLP

Il fallait s’y attendre : l’« en même temps » présidentiel a encore frappé. Après des mois d’atermoiements, d’allers-retours diplomatiques et de nuits blanches, Emmanuel Macron accouche d’un compromis fragile entre indépendantistes et loyalistes, accouchant d’un « État de la Nouvelle-Calédonie » dans la République. Ni totalement français, ni franchement indépendant. Une fois de plus, on est dans le flou, l’ambiguïté, le temporaire déguisé en solution définitive.

Un accord qui dit tout… et son contraire

Ce texte signé à l’arraché, après une semaine de tractations interminables, érige la Nouvelle-Calédonie en « État », tout en la maintenant, théoriquement, dans l’ensemble national. On promet une double nationalité, on évoque une possible reconnaissance internationale, on parle même de Constitution propre à l’archipel, avec ses symboles, sa charte, et ses valeurs. On imagine sans peine le flou artistique dans lequel vont naviguer les Calédoniens au quotidien : sont-ils français à part entière, ou citoyens d’un État associé ?


Le calendrier : l’art de repousser les vraies décisions

La mise en œuvre ? Un entrelacs de textes à venir, de consultations locales, de lois organiques, de mandatures futures. Bref, une feuille de route aussi complexe qu’alambiquée, avec pour unique certitude une instabilité institutionnelle encore prolongée. L’illusion d’un cap, mais sans gouvernail clair. Et, en creux, le message suivant : nous ne savons plus dire non.

Le vrai enjeu : la souveraineté abandonnée à petit feu

L’un des points les plus explosifs du texte, à savoir le transfert possible des compétences régaliennes (défense, monnaie, sécurité, justice), reste suspendu au bon vouloir d’un Congrès local élargi. On ne tranche pas : on reporte. On crée les conditions d’une future déconnexion de la France, mais on habille cela d’une volonté de stabilité. Derrière le vernis juridique, l’État abandonne discrètement les attributs de sa souveraineté.

L’ambiguïté érigée en méthode de gouvernement

Dans la plus pure tradition macronienne, cet accord tente de faire plaisir à tout le monde en ne satisfaisant personne. Il mêle jargon technocratique, promesses vagues, et éléments de langage rassurants, pour donner l’illusion d’un cap. Mais dans les faits, il consacre l’incapacité de la République à affirmer un projet clair, cohérent, assumé. À force de vouloir ménager tous les camps, on finit par désorienter les siens.

Et si cette méthode était appliquée à la métropole ?

Imaginons ce que cela signifierait en métropole : une région où l’on négocierait des compétences régaliennes à la carte, où l’on créerait une nationalité parallèle, où des symboles officiels viendraient concurrencer ceux de la République… Le scandale serait total. Pourtant, c’est ce que l’on accorde à la Nouvelle-Calédonie.

Une étape de plus dans le démantèlement tranquille de la France

Derrière les mots feutrés de l’accord, c’est une réalité bien plus rude qui s’installe : celle d’une France qui se délite, territoire après territoire, par petites touches bureaucratiques. Emmanuel Macron ne tranche pas, il temporise. Il ne gouverne pas, il orchestre des compromis stériles. L’accord calédonien n’est qu’un chapitre de plus dans le grand livre du renoncement national.

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