Télétravail : fini les hippies, retour au réel

Photo : 089photoshootings

Ils avaient cru à l’émancipation totale. À la fin du bureau, des horaires, des trajets, des collègues. Ils y voyaient un grand pas vers un monde libéré, horizontal, « bienveillant » et « agile ». Ces dernières années, des milliers de salariés se sont installés dans leur salon, leur cuisine ou leur maison de campagne, persuadés d’avoir échappé à l’oppression managériale. Mais voilà : les vacances sont terminées.

Le télétravail à la carte, sacralisé depuis le Covid, est en train de subir un sérieux coup de frein. Et c’est tant mieux.


L’entreprise n’est pas un camping naturiste

On nous avait vendu le télétravail comme une révolution. Une libération. Une ère nouvelle où chacun gérerait son temps comme il l’entend, au nom d’un « équilibre vie pro / vie perso » devenu slogan universel. Mais il fallait être naïf – ou idéologue – pour croire qu’on pouvait faire tourner une boîte sérieuse entre deux lessives et une sieste post-déjeuner.

En réalité, le télétravail à outrance a transformé des salariés motivés en électrons libres déconnectés. Perte d’esprit d’équipe, décisions prises à la traîne, stagiaires livrés à eux-mêmes, juniors non formés, et cadres sup’ injoignables le vendredi après-midi. Mais bien sûr : « ce n’est pas un problème de télétravail, c’est un problème de management ». On connaît la ritournelle.

Le bureau, ce lieu maudit où l’on se parle

Chez Free, Stellantis, Michelin ou Société Générale, on a fini par regarder les choses en face : l’entreprise a besoin de corps, pas seulement d’avatars sur Zoom. Le collectif ne se construit pas par Slack interposé, et les projets complexes ne se mènent pas à coups de smileys dans un Google Doc.

On a voulu croire que tout se valait : bureau ou maison, présent ou distant, rigueur ou flou. Il faut désormais l’admettre : la performance ne naît pas de la dispersion. Et il n’y a rien de scandaleux à demander à un salarié… de venir travailler sur place.

Réveil difficile pour les apôtres de la flexibilité

Évidemment, les syndicats crient au scandale. « Acquis social bafoué », « brutalité », « décision unilatérale ». Ils feignent de découvrir que le télétravail n’est pas un droit constitutionnel, encore moins une rente. Il fut un pis-aller en période de crise. Il est devenu un privilège. Il n’est pas gravé dans le marbre. Quant à ceux qui ont quitté la région parisienne pour s’installer à la campagne, en espérant ne plus jamais revoir leur manager autrement qu’en visio… ils vont devoir relire leur contrat de travail. Travailler dans une entreprise, ce n’est pas vivre en freelance déguisé.

Le retour du réel

Certes, il y aura des nuances. Personne ne nie que le télétravail a sa place, notamment pour les profils autonomes, expérimentés. Mais la généralisation incontrôlée, égalitaire, sans réflexion ? C’est une impasse. Et les dirigeants commencent à le dire. Mieux vaut tard que jamais.

Ce que l’on vit, ce n’est pas une régression. C’est une réaffirmation du sérieux. De la discipline. De l’exigence collective. Autrement dit : de ce qui permet encore à une entreprise de fonctionner dans un monde compétitif.

Fini les pantoufles, les visioconférences en tongs, les siestes militantes entre deux fichiers Excel. L’heure est venue de remettre une chemise, de serrer des mains, et de réapprendre à travailler ensemble.

Et ce n’est pas une punition. C’est une chance.

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