Ils volaient les Vélib’. Ils volent désormais les vélos du Tour de France

Illustration : LLP

Quand on n’a plus de limites, on finit par cambrioler le Tour de France. Oui, vous avez bien lu. Des voleurs se sont introduits dans un camion de l’équipe Cofidis et ont embarqué onze vélos de compétition, d’une valeur unitaire de près de 14 000 euros. Adieu maillots, bonjour larcins.

La scène aurait pu prêter à sourire, si elle n’était pas aussi symbolique. Un pan entier du patrimoine sportif français, le Tour de France, est à son tour rattrapé par cette culture de l’impunité qui gangrène le pays. La nuit du samedi au dimanche, à Boulogne-sur-Mer, pendant que la France célèbre le sport, des « inconnus » forcent un camion d’équipe et s’emparent des montures de haute technologie comme d’autres chapardent un sac à main sur le quai du métro.


On connaissait déjà les Vélib’ vandalisés, les scooters envolés en pièces détachées, les voitures incendiées par réflexe pavlovien. Il manquait les vélos du Tour. C’est désormais chose faite.

Le pillage n’a plus de saison. Ni de limite

La scène a eu lieu en plein Tour, l’un des rares événements à encore fédérer un semblant d’unité nationale. Mais rien n’est sacré. Pas même ces vélos mythiques, bardés de carbone et de technologie, objets de rêve pour les passionnés et armes de guerre pour les coureurs.

Ce n’est pas faute de précautions : le camion était sécurisé, les hôtels sous surveillance. Mais que voulez-vous, dans la France de 2025, tout se vole, tout se tente, tout s’excuse. Au pire, on parlera d’un « acte isolé », au mieux d’un « manque d’encadrement social ».

La réponse : un appel au civisme. Sérieusement ?

L’équipe Cofidis, digne, a « condamné fermement cet acte d’incivilité ». Incivilité ? On est donc passés de vol en bande organisée à incivilité, comme on passe de pillage à « redistribution spontanée ». On ne veut surtout pas faire de vagues, encore moins poser les bonnes questions.

Car en creux, ce cambriolage dit tout du climat actuel : la délinquance est partout, et les voleurs sont devenus les rois du bitume, même celui du Tour. À ce rythme, les prochaines étapes se feront peut-être à pied. Ou sous escorte militaire.

Quand la France pédale dans la gadoue morale

Les équipes sont prévenues : verrouillez vos camions, cachez vos guidons, et priez pour que le lendemain vous ne couriez pas à cloche-pied. Le cyclisme, autrefois sport de forçats et de héros, devient malgré lui symbole d’un pays à la dérive, où même les exploits sont désormais sous alarme.

L’Hexagone pédale, oui. Mais en roue libre, sans frein, droit dans le mur.



La lettre patriote