Voilà un rapport que le gouvernement aurait préféré enterrer sous une pile de dossiers inutiles — ce dont, avouons-le, l’administration française a le secret. La commission d’enquête sénatoriale sur les agences publiques rend ses conclusions : c’est le grand déballage d’un système kafkaïen, aussi opaque qu’onéreux, où se croisent 1 153 organismes publics, 434 opérateurs, et 317 comités Théodule. Un véritable labyrinthe bureaucratique, financé à prix d’or… avec votre argent.
L’État obèse adore ses tentacules
Depuis trente ans, on nous vend la « modernisation de l’action publique ». Résultat ? Un empilement d’agences aux sigles illisibles : ANRU, ANCT, Ademe, ARS, AFPA, INERIS, ANS, et on en passe. Des structures qui devaient être souples, efficaces, et proches du terrain — elles sont devenues coûteuses, lentes et redondantes.
Le rapport parlementaire ne mâche pas ses mots : personne ne sait vraiment combien de personnes travaillent dans ces agences, ni comment elles sont financées. Les préfets se perdent, les ministres n’y comprennent rien, les citoyens paient. Le mille-feuille administratif atteint ici des sommets d’absurdité.
L’illusion du service public, le jackpot pour les parasites
On apprend que l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) pourrait ne pas être renouvelée. Il était temps ! Voilà des années qu’elle prétend transformer les quartiers… en injectant des milliards pour repeindre des cages d’escalier. Les vraies causes de l’insécurité, elles, restent soigneusement évitées.
L’Agence du sport ? Supprimée. Son utilité ? Aucune. Transférer les crédits aux collectivités suffira. L’Ademe ? Vidée de sa substance. Quant aux Agences régionales de santé, elles pourraient revenir sous tutelle des préfectures. Et ce n’est pas un luxe quand on se rappelle leur gestion lamentable durant la crise sanitaire.
Le chiffre qui fait mal : jusqu’à 3 milliards d’économies possibles… si on ose
Selon le rapport, une réduction de 8 % des coûts de fonctionnement permettrait 2,2 milliards d’euros d’économies. Un effort sur les fonctions support — com’, RH, informatique — rapporterait 540 millions. Pas négligeable, dans un pays étranglé par sa dette et dirigé par des technos qui rêvent encore de taxer l’air qu’on respire.
Mais surtout, ce rapport dit tout haut ce que les Français voient chaque jour : on ne manque pas d’argent, on le jette par les fenêtres. On finance une bureaucratie pléthorique pendant que les hôpitaux manquent de lits, les écoles croulent sous les projets pédagogiques vides, et les forces de l’ordre manquent de gilets pare-balles.
Un rapport explosif… ou un pétard mouillé ?
Le vrai scandale ? Rien ne dit que ce rapport sera suivi d’effet. Les ministres auditionnés ont bredouillé. La ministre des comptes publics elle-même n’a pas été capable de justifier ses chiffres. Et pour cause : ce système d’agences, c’est le vivier doré des énarques recyclés, des hauts fonctionnaires promus, des amis à caser. Qui osera y toucher ?
La conclusion est limpide : trop d’agences, trop de dépenses, trop de silence. Mais il faudra bien un jour choisir : continuer à engraisser les agences inutiles… ou enfin remettre de l’ordre dans la maison France.