« Sauvons la planète »… sauf quand il fait chaud à Champigny

Illustration : LLP

L’image pourrait prêter à sourire : un geyser s’élève dans le ciel brûlant, des enfants en tongs se jettent sous le jet, rient, crient. Les médias bien-pensants parleront d’une “célébration de la vie”, d’un “instinct populaire de fraîcheur”. Mais la réalité est moins pittoresque : ce que l’on observe en Île-de-France depuis le début de cette canicule, c’est le retour d’un vandalisme devenu quasi estival — l’ouverture sauvage de bornes d’incendie, cette pratique désormais connue sous un nom faussement cool : street-pooling.

Une France à deux doigts de la pénurie… et des torrents gaspillés

À Champigny-sur-Marne, à Suresnes, à Gennevilliers ou encore à Conflans-Sainte-Honorine, les scènes se répètent : des bornes d’incendie forcées, parfois devant la police, parfois dans la provocation. Et pendant que les services de l’État peinent à faire respecter la loi, des dizaines de milliers de litres d’eau potable s’évaporent dans l’air moite de juillet.


Mais dans une époque où l’on culpabilise le Français moyen pour sa piscine gonflable ou son arrosage de géraniums, il semblerait que certaines incivilités soient devenues “compréhensibles”, pour ne pas dire tolérées. Le simple fait que l’on débatte encore de la légitimité de ces actes en dit long sur l’état d’abdication de l’autorité républicaine.

« C’est du gaspillage », ose un élu… Encore heureux !

Grégory Goupil, adjoint à la sécurité de Champigny, ose un cri du cœur auprès de nos confrères du Parisien : “C’est totalement irresponsable.” Il a raison. Mais que fait-on de cette irresponsabilité ? Rien. Car la même République qui promet l’ordre et la sobriété se contente ici de constater, d’alerter, de supplier qu’on ne recommence pas.

Un adolescent interpellé à Conflans pour avoir menacé la police après avoir ouvert une bouche d’incendie ? À peine une ligne dans les journaux. Une foule dispersée à coups de grenades de désencerclement à Gennevilliers ? Un entrefilet. L’ensauvagement estival a ses quartiers d’été.

Bornes d’incendie ouvertes, France fermée

Le street-pooling n’est pas une anecdote : c’est un symptôme. Celui d’un pays où des zones entières semblent désormais soustraites aux règles communes. Là où l’eau devait sauver des vies, elle devient instrument d’occupation illégale de l’espace public. Là où le service public est censé protéger, il subit.

Demain, si un incendie se déclare et qu’aucune pression n’est disponible dans les tuyaux ? Il faudra regarder les images de ces jets d’eau festifs avec moins d’indulgence.

Pendant que l’État regarde ailleurs…

La canicule ne justifie pas tout. Pas plus que l’été ne suspend la loi. Ce n’est pas au thermomètre de dicter l’ordre public. Il est temps de sortir de cette inversion morale où le délinquant est un “gamin plein de vie” et le policier, un empêcheur de jouer en paix. Il est temps surtout que la République se souvienne qu’elle a un robinet dans chaque main : celui de l’eau et celui de l’autorité. Qu’elle ouvre enfin le second.

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