Quand Moscou vient respirer l’air breton

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Les marins du Bélénos, modeste chalutier breton parti de Roscoff, ne s’attendaient sans doute pas à croiser, au large des Côtes-d’Armor, un sous-marin de guerre russe surgissant des flots comme un monstre d’acier sorti d’un roman de guerre froide.

Ce samedi matin-là, alors que le vent salin faisait frémir les filets, c’est un colosse de la classe Kilo — ces submersibles silencieux capables de lancer des missiles Kalibr — qui a fendu la surface de la Manche à quelques encablures à peine. L’armée française, bien embarrassée, évoque un simple « transit » surveillé. On nous rassure : tout est sous contrôle. Une frégate était là. Circulez, il n’y a rien à voir.


Mais justement : il y a tout à voir.

Que vient faire un sous-marin russe en balade à proximité immédiate des côtes bretonnes, dans une zone riche en pêcheurs, en routes commerciales, et — faut-il le rappeler — en câbles sous-marins stratégiques ? S’agit-il d’un test ? D’un message ? D’un marquage de territoire ? Ou simplement de la dernière expression en date du mépris souverain que Moscou affiche envers un Occident devenu aussi mou qu’aveugle ?

Car pendant que le Bélénos sortait des merlus, la Russie envoyait un signal clair : nous pouvons surgir n’importe où. Et pendant que nos diplomates se tordent les mains en appelant à « l’apaisement », Poutine envoie ses sous-marins en goguette sous le nez des Bretons.

Faut-il attendre un nouveau Bugaled Breizh pour se réveiller ? Ce naufrage mystérieux d’un autre chalutier breton, en 2004, englouti en trente-sept secondes, que beaucoup soupçonnent encore être dû à un accrochage avec un submersible. Depuis, motus. L’État s’est muré dans le silence. Mais les marins, eux, n’ont pas oublié.

La Manche n’est pas une mer de jeu. C’est une frontière. C’est un front. Et chaque apparition d’un bâtiment russe doit être perçue comme ce qu’elle est : une provocation militaire. Une tentative d’intimidation. Une démonstration de force. Et surtout, une mise à l’épreuve de notre capacité à réagir — ou à ne pas réagir.

Pendant ce temps, on préfère parler de « transition énergétique » à l’Élysée. Mais qui protège réellement les pêcheurs bretons ? Qui assure la souveraineté de nos eaux ?

Les Russes le savent : l’OTAN est trop occupée à faire des ronds dans l’eau. Alors ils avancent, tranquillement, méthodiquement. Un jour un avion, un autre jour un navire, aujourd’hui un sous-marin. Et demain ?

Face à cela, la France ne peut pas éternellement répondre par des communiqués flasques et des frégates suiveuses. Il est temps de rappeler ce que veut dire défendre son territoire. Même quand l’ennemi ne tire pas.

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