Motion de censure : la gauche tire à blanc

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189 voix. Voilà ce qu’a récolté la gauche ce mardi soir pour tenter de renverser François Bayrou. Moins qu’un gros rhume parlementaire. Et surtout, l’énième tentative d’une opposition essoufflée qui ne croit même plus à ses propres motions.

La réforme des retraites à 64 ans ? Toujours là. Le conclave promis ? Un mauvais souvenir. Le texte législatif ? Peut-être. Ou peut-être pas. Mais pour les socialistes, l’important n’était pas d’agir, mais de gesticuler. Alors on a sorti les grands mots, les grands airs, et une motion de censure en carton recyclé, aussitôt rejetée. 189 voix sur les 289 nécessaires, c’est peu. Très peu. Assez peu pour que François Bayrou, goguenard, puisse distribuer des certificats de mauvaise foi à la gauche réunie.


Une motion sans conviction, un baroud d’honneur sans panache

Estelle Mercier, porte-voix du Parti socialiste, a dénoncé un Premier ministre « déshonoré », coupable d’avoir… promis un texte qu’il présentera finalement. Étonnant, non ? Elle s’est insurgée contre le sabotage des compromis — sans s’interroger sur l’efficacité des coups de menton et des postures victimaires de son propre groupe.

Et surtout, elle a tenu ce discours en terrain quasi désert. À peine trente députés socialistes sur les 66 que compte le groupe avaient daigné se déplacer. Un détail révélateur : même chez les censeurs autoproclamés, on ne croit plus à l’acte de censure.

Le RN s’abstient de jouer les utilités de gauche

Du côté du Rassemblement national, pas de soutien non plus. Marine Le Pen, toujours stratège, a préféré l’abstention tactique à l’alliance improvisée avec ceux qui, la veille encore, dénonçaient sa “dangerosité”. « Zéro bénéfice pour les Français », a-t-elle résumé. Et une vérité cruelle pour la gauche : on ne fait pas tomber un gouvernement juste pour faire tomber un gouvernement.

Quant à l’Union des droites de Ciotti, elle a suivi la même ligne. Pas question d’être la béquille d’un coup politique sans lendemain.

Bayrou, goguenard, en terrain (presque) conquis

François Bayrou, fidèle à lui-même, a répondu avec le style pédago-fleuri qu’on lui connaît, mais avec une touche de mépris jubilatoire. « Vous vous retrouvez le bec dans l’eau », a-t-il lancé à la gauche, comme un vieux prof renvoyant ses élèves brouillons à leur copie bâclée.

On pourra lui reprocher bien des choses, mais pas son flegme de vieux renard centriste. D’autant plus que Gabriel Attal, président de son propre groupe, avait lui-même déserté les bancs, comme s’il savait que tout cela ne valait pas une séance de bronzage dans son agenda de Premier ministrable.

Une France lassée, un Parlement fatigué

Les Français, eux, regardent ce théâtre avec lassitude. Le cirque parlementaire n’amuse plus. Il ennuie. Pire : il écœure. La démocratie sociale est invoquée à tout bout de champ, mais personne n’y croit plus. Ni les citoyens, ni ceux censés la faire vivre.

Les socialistes ont tenté une motion de censure ? Très bien. Ils en tenteront une autre dans deux mois. Puis une autre. Et encore une autre. Pendant ce temps, la réforme des retraites reste en place. Bayrou aussi. Et la gauche continue de courir après elle-même.

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