C’était samedi, à Paris, dans la moiteur républicaine de la Maison de la Mutualité. Bruno Retailleau, nouvellement couronné président des Républicains, réunissait 800 militants pour un moment historique : redécouvrir que la droite existe. Mieux : qu’on peut même en être fier. Ô révélation.
Il y avait des drapeaux tricolores, des jeunes motivés, et même Manfred Weber pour garantir que, oui, l’Europe regarde ce qui se passe chez les LR (entre deux dossiers sur la pêche durable au Groenland, probablement).
« Refondation » : mot magique des partis usés
Bruno Retailleau a prononcé un discours solide, clair, et très applaudi. Normal : ça faisait des années qu’un président des Républicains n’avait pas osé dire, sans rougir, qu’il n’était pas de gauche.
On a parlé de « refondation », évidemment. Ce mot valise qu’on ressort à chaque congrès, entre les feuilletés au fromage et les tee-shirts siglés. Une sorte de purification rituelle après les mois passés à voter des lois avec Macron tout en jurant qu’on ne l’aime pas.
Retailleau a promis qu’il trancherait. Pas dans le budget, non : dans les idées. Fini les « synthèses molles à la hollandaise », promis. Place aux synthèses fermes à la Retailleau.
La droite travaille dur, surtout pour se remettre de ses trahisons
Au fond, ce congrès n’a pas tant parlé aux Français qu’aux militants. Et c’est déjà beaucoup : il fallait bien leur rappeler que leur parti existe encore, malgré tout ce qu’il a raté, voté ou oublié ces dernières années.
Retailleau a évoqué la « France qui travaille dur », sans trop insister sur celle qui s’est souvent sentie trahie par une droite bavarde en campagne, mais socialiste en gouvernance. On a entendu des envolées lyriques contre « l’immigration géniale » et les idées de 68, ce qui est charmant, surtout de la part d’un mouvement qui a tant contribué à faire de mai 68 une réalité administrative.
Président des Républicains ou répétition générale pour 2027 ?
La salle a scandé « Bruno président ! » comme on scande « Allez l’OM » dans un bar à l’heure de l’apéro. L’espoir fait vivre. Et il faut reconnaître que, pour la première fois depuis longtemps, on a entendu un chef LR qui ne donnait pas l’impression de s’excuser d’exister.
Retailleau veut des maires, des têtes de liste, une armée de militants… bref, il veut rejouer à la droite. Reste à savoir si les Français, eux, ont encore envie de participer à cette pièce.
Mais après tout, comme le disait un vieux stratège cynique : « En politique, il vaut mieux avoir l’air de faire quelque chose que de vraiment faire quelque chose. » Sur ce point, Retailleau a réussi son entrée.