Regroupement familial suspendu : Berlin tourne enfin la page Merkel

DR

Par une ironie dont l’Histoire a le secret, c’est aujourd’hui l’Allemagne – jadis modèle proclamé de l’ »accueil inconditionnel » – qui serre la vis sur l’immigration. Le Bundestag vient de voter, dans une quasi-indifférence médiatique, la suspension du regroupement familial pour les personnes bénéficiant du statut de « protection subsidiaire ». Traduction : des dizaines de milliers de Syriens (essentiellement) déjà installés sur le sol allemand ne pourront plus faire venir leurs conjoints, leurs enfants ou leurs parents. Le pays qui avait ouvert grand les bras en 2015 referme désormais les grilles – et ce n’est pas un symbole, c’est un aveu.

Mais où sont passés les grands discours moralisateurs, les leçons de vertu infligées à l’Europe entière ? Où sont les larmes de la chancelière Merkel, les slogans en plastique recyclé brandis par les ONG subventionnées, les slogans du type Refugees Welcome imprimés sur des sacs en coton bio ? Tous rangés au fond du tiroir, avec les illusions.


Car la réalité, elle, s’est imposée : celle des villes débordées, des écoles saturées, des budgets sociaux asphyxiés, et surtout d’une société allemande qui, malgré les milliards investis, n’a jamais vraiment digéré cette greffe de masse. Même la bienpensance, lorsqu’elle se cogne au mur du réel, finit par baisser les yeux. Et le ministre de l’Intérieur Alexander Dobrindt d’expliquer sans fard : « Les capacités d’intégration sont à bout. »

Ah bon ? Ce ne sont donc pas les électeurs de l’AfD, ces méchants « extrémistes », qui inventaient des problèmes ? Ce ne sont pas des fantasmes que d’affirmer que l’immigration incontrôlée produit du chaos ? Il aura donc fallu dix ans pour qu’un peu de lucidité traverse la brume idéologique allemande.

Mais qu’on ne s’y trompe pas : cette suspension, qui ne concerne qu’une frange d’immigrés (ceux en protection subsidiaire, c’est-à-dire protégés… mais un peu moins que les autres), est déjà décriée par toutes les ligues vertueuses du continent. Les ONG parlent de « violation des droits fondamentaux », les juristes agitent les articles de la Convention européenne des droits de l’homme, et Sandrine Rousseau prépare probablement un tweet. Pourtant, personne ne dit que l’Allemagne interdit les regroupements familiaux : elle les gèle, temporairement, dans une tentative désespérée de reprendre le contrôle.

Car la machine s’emballe. En 2024, ce sont 120.000 visas de regroupement familial qui ont été délivrés, dont 12.000 pour des bénéficiaires de la protection subsidiaire. Derrière ces chiffres, des drames humains, bien sûr. Des hommes seuls avec leurs enfants, comme Mohammed, ce Syrien isolé à Francfort avec un fils handicapé, attendant depuis deux ans de pouvoir revoir sa femme et ses filles. Oui, il y a de la souffrance, et elle est réelle. Mais doit-elle toujours primer sur l’intérêt général d’une nation ?

C’est ici que le débat devient explosif. Car il ne s’agit pas seulement de morale, mais de choix de société. À force de transformer l’asile en visa de peuplement, on a déplacé la frontière entre compassion et abandon. Qui prend soin des peuples d’Europe, de leur cohésion, de leur avenir ? Est-ce que l’Allemagne, en décidant enfin de dire « stop », fait preuve d’égoïsme – ou bien de responsabilité ?

La gauche, elle, crie à l’inhumanité. Et certains agiteront, comme toujours, les mots les plus lourds : repli, xénophobie, nationalisme. Mais ces mots usés ne font plus effet. Le réel les a balayés. La majorité des peuples européens ne veut pas haïr les étrangers : elle veut rester chez elle. Avec ses lois, sa culture, ses moyens limités.

Alors que l’Allemagne, ex-mère nourricière de l’Europe migratoire, commence à dire non, il serait temps que la France cesse de dire oui à tout. Oui aux OQTF bafouées. Oui aux mineurs isolés de 34 ans. Oui aux aides sociales à géométrie variable. Oui aux juges qui font des familles entières des passe-droits ambulants.

Les bonnes intentions ont assez fait de dégâts. Il est temps de passer à autre chose. Appelons cela, par exemple, du bon sens.

guest
4 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires


La lettre patriote