Il y a des chiffres qui claquent comme une gifle. Celui-ci en fait partie.
89 % des Français se disent attachés à Noël et à ses traditions. Pas « plutôt favorables », pas « vaguement sensibles » : attachés. Solidement. Profondément. Durablement.
Voilà qui tombe mal pour les ingénieurs de l’effacement culturel, les partisans zélés de la « fête de l’hiver », les militants de la neutralisation symbolique et les chasseurs de crèches municipaux. À force d’expliquer aux Français ce qu’ils devraient oublier, certains ont fini par provoquer l’effet inverse.
Car Noël, dans ce pays, ne se résume pas à une date sur un calendrier ni à une opération commerciale. Il est un repère. Une mémoire partagée. Une respiration collective. Le sondage IFOP publié ces jours-ci le confirme sans ambiguïté : pour une immense majorité, Noël reste un moment essentiel de la culture française.
Ce qui frappe, c’est l’ampleur du consensus. Les croyants, évidemment. Mais aussi les non-pratiquants. Et même les Français sans religion, qui adhèrent massivement à l’idée que les symboles de Noël — sapin, crèche, marchés, calendrier de l’Avent — relèvent d’un patrimoine commun. Autrement dit, Noël dépasse largement le strict cadre religieux : il s’inscrit dans l’histoire longue, dans les habitudes, dans l’enfance, dans la transmission.
On notera au passage que les jeunes ne sont pas moins attachés que leurs aînés. Là encore, l’argument de la « modernité » vole en éclats. Ce ne sont pas les Français qui se détachent de Noël ; ce sont certaines élites qui s’en éloignent, persuadées d’avoir une guerre culturelle à gagner contre leur propre pays.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Une large majorité souhaite que les fêtes chrétiennes continuent de rythmer le calendrier. Beaucoup estiment que les traditions doivent être respectées. Une minorité va même plus loin et souhaite qu’elles soient clairement promues. À rebours du discours dominant, l’opinion publique ne réclame pas moins d’identité, mais davantage de continuité.
Ce décalage entre le pays réel et le pays idéologique devient criant. Pendant que certains élus rivalisent d’imagination pour contourner Noël, les Français rappellent, tranquillement mais fermement, qu’on ne gomme pas des siècles de culture par circulaire ou par décision de tribunal.
Noël a remporté la bataille de l’opinion. Reste à savoir si ceux qui prétendent gouverner écouteront enfin ce que dit la nation réelle, ou s’ils continueront à confondre neutralité et amnésie. Car une chose est désormais claire : effacer Noël n’est pas un projet partagé. C’est une obsession minoritaire.