Villepin, le retour : l’humanisme en col roulé

Photo : Georges Seguin / WikiMedia / Creative Commons

On l’avait presque oublié, et pourtant, il est de retour. Tel un personnage shakespearien surgissant au troisième acte, Dominique de Villepin revient sur scène, le brushing impassible, les alexandrins bien repassés et le verbe haut. Son projet ? Rien de moins que de sauver la France avec un mouvement qu’il baptise, sans rire, « La France humaniste ». Voilà qui manquait à notre époque : un nouveau parti fourre-tout où l’on parle du peuple sans jamais le croiser.

Un nom doux comme une lotion après-rasage

« La France humaniste »… On dirait une ONG subventionnée par l’Union européenne pour organiser des ateliers d’écriture inclusive dans des collèges en ZEP. Mais non, c’est bien un mouvement politique. Ou plutôt un mouvement d’idées – formule magique des anciens ministres qui ne savent plus s’ils veulent gouverner ou simplement vendre des livres.


Un gaulliste chez les bisounours

Villepin, c’est l’homme du grand discours à l’ONU contre la guerre en Irak. Un moment de lyrisme diplomatique que même les pacifistes suisses nous envient encore. Mais depuis ? Rien. Sinon quelques tentatives électorales égarées, des envolées lyriques dans Paris Match, et une passion persistante pour l’idée d’une France qui ne ressemble en rien à ce que vivent les Français.

Désormais, il s’affiche « au plus près du terrain ». On tremble pour les habitants de Garges-lès-Gonesse qui devront désormais expliquer à leurs voisins que le maire est président… d’un parti de Dominique de Villepin. Il paraît que c’est là que bat le cœur de la France. Ah bon.

Un Macron en version vintage

Tout cela, bien sûr, se veut ni droite, ni gauche. Traduction : un peu de tout, surtout du vide. L’homme qui vilipendait Sarkozy en 2007 tente aujourd’hui de recycler les slogans d’En Marche. Il appelle à « la jeunesse », parle de « renouer avec ce que nous sommes », et cite l’inquiétude des Français comme d’autres citent Montaigne : avec une gravité précieuse et des gants de soie.

Mais attention, hein, il ne veut pas se présenter. Non, il veut simplement « organiser », « mobiliser », « apporter son expérience ». La formule consacrée de celui qui rôde autour de la candidature comme un faucon autour d’un pique-nique.

L’aristocrate éclairé contre le réel

Ce qui frappe, c’est cette capacité intacte de Dominique de Villepin à parler sans dire. Il pourrait discourir deux heures sur la France sans jamais mentionner l’insécurité, l’effondrement scolaire ou les hôpitaux surchargés. Non, ce qui compte, c’est « l’esprit », « l’élan », « le souffle républicain ». Pendant que d’autres affrontent les rixes aux Halles ou les attentats évités de justesse, lui rédige des manifestes à la plume d’oie.

La politique, vraiment ?

Dominique de Villepin assure ne pas être « dans le temps de l’élection ». Peut-être. Mais il est, à l’évidence, dans le temps du verbe creux, celui des éternels revenants, des notables en manque d’estrade, et des nobles qui veulent encore croire qu’un bon mot dans Le Monde peut peser plus qu’un vote RN.

La France humaniste ? Peut-être. Mais la France ironiste, elle, n’a pas fini de rire.

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