On pensait avoir tout vu, tout entendu. Les agressions gratuites, les guets-apens contre les pompiers, les rodéos dans les quartiers, les caillassages d’écoles… Mais voici qu’un nouveau seuil d’abjection est franchi : voler des défibrillateurs. Oui, ces appareils qui sauvent des vies, ces machines qu’on installe dans les gares, les écoles, les mairies, pour éviter qu’un arrêt cardiaque ne se transforme en tragédie irréversible.

Les faits sont là. Des dizaines de défibrillateurs pillés dans les transports franciliens, démontés, revendus sur Internet ou à l’étranger. Un business ignoble, à 500 euros l’appareil, qui ne laisse derrière lui que le vide — et parfois la mort. Dans la petite commune du Luart, en Sarthe, deux personnes sont mortes à quelques jours d’intervalle parce qu’un abruti a volé la batterie d’un DAE. Un pompier a couru en urgence pour sauver son ouvrier : il a trouvé un boîtier vide. Résultat, un homme de 50 ans meurt dans ses bras. Deux jours plus tard, une femme de 62 ans subit le même sort. La vie en France, en 2025.

Mais il ne s’agit pas ici de simples “faits divers”. Il s’agit d’un symptôme. Car une large part de ces vols sont organisés depuis les banlieues, par des “jeunes” déjà connus de la justice, opérant dans les gares du RER, du Val-de-Marne à l’Essonne, avec des receleurs professionnels et des filières bien huilées. Certains ont déjà été condamnés. Un an ferme ici, huit mois avec sursis là. Rien qui les empêche de recommencer. Pendant ce temps, nos enfants, nos parents, nos amis risquent de mourir faute d’un appareil qui aurait dû être là.

Mais où est l’indignation ? Où est la révolte des élus, des associations, des grands défenseurs de la « dignité humaine » quand ces actes scandaleux plongent des familles dans le deuil ? Est-ce cela, la France « apaisée » qu’on nous vend depuis les salons parisiens ? Une société où voler un défibrillateur devient un acte banal, une ligne de plus sur le casier judiciaire d’un multirécidiviste de 19 ans ?

Ce n’est plus seulement de l’incivilité, c’est du mépris pur pour la vie humaine. C’est la preuve que certains ont franchi le Rubicon moral, qu’ils ne craignent ni Dieu, ni loi, ni conscience. Et que l’impunité — ou ce qu’on appelle encore, par pudeur, « la réponse pénale » — n’a plus aucun effet.

Il est temps d’arrêter de fermer les yeux. Ces actes ne tombent pas du ciel. Ils sont l’œuvre de délinquants qui ont grandi dans un climat d’excuse perpétuelle, de « pas de vague », de lâcheté institutionnalisée. Ces voleurs de défibrillateurs ne volent pas seulement un objet : ils volent nos chances de survie. Ils transforment nos gares en pièges mortels.

Et si nos dirigeants ne comprennent toujours pas la gravité du problème, alors qu’ils aillent l’expliquer eux-mêmes aux familles de ceux qu’on aurait pu sauver. Qu’ils leur disent, droit dans les yeux, que ce n’était qu’un vol, que la vie de leur père ou de leur fille ne valait pas plus qu’un appareil revendu sur Leboncoin.

Défendre la vie, c’est commencer par interdire que des prédateurs en jogging puissent impunément condamner à mort nos proches. C’est exiger que chaque défibrillateur volé vaille une vraie peine. Et que la France redevienne un pays où la vie humaine compte plus que le confort des voyous.