Un « call-center » du cannabis démantelé, le business tournait à 150.000 euros par mois

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À défaut de décrocher des clients pour des box internet, ils prenaient les commandes… de shit. Ce qui ressemblait à une banale hotline s’est révélé être une plateforme de trafic de cannabis parfaitement huilée, livrant en deux heures chrono à travers toute l’Île-de-France. Un réseau digne d’une PME — sauf qu’ici, la marchandise était illégale.

Huit personnes, âgées de 19 à 41 ans, ont été déférées ce vendredi devant le tribunal de Créteil. À leur tête : un certain Mehdi, déjà connu pour ses prouesses en matière de stupéfiants. Les enquêteurs de l’Ofast Versailles, épaulés par la BRI, ont mis fin à cette entreprise criminelle d’un genre nouveau, en apparence moderne, en réalité profondément toxique.


Livraison rapide, marketing léché, Airbnb à gogo

Le modèle économique de cette PME de l’ombre est redoutable : commandes via Instagram, livraison à domicile, logements « nourrices » loués sur Airbnb pour préparer les paquets et recharger les livreurs. Montfermeil, Ivry, Chennevières… le cannabis se distribuait comme des pizzas.

Le réseau se servait d’appartements loués pour quelques jours, changeant constamment de lieu afin d’échapper à la surveillance. L’une des suspectes, 24 ans, gérait l’approvisionnement. Et les clients ? Ils se voyaient proposer de la qualité, à des tarifs “premium” : 100 euros les 10 grammes. On est loin du cliché du coin de rue miteux. Ici, le shit se vendait avec le savoir-faire d’une start-up.

26 kg de résine, 41.000 euros en cash, et des cryptos en prime

Les perquisitions ont permis de mettre la main sur 26 kg de résine, 41.000 euros en liquide, 5.000 euros en crypto-actifs et plus de 90.000 euros gelés sur divers comptes. Les enquêteurs estiment le chiffre d’affaires mensuel à 150.000 euros. Le tout orchestré par une poignée de jeunes adultes mobiles, connectés, et parfaitement organisés.

L’économie souterraine prospère, pendant que l’État régresse

Voilà ce que produit une société qui abdique : une économie parallèle florissante, encadrée, numérisée, et même presque banalisée. Pendant que les classes moyennes s’épuisent sous la pression fiscale, des réseaux comme celui-ci prospèrent dans l’illégalité la plus sereine.

Certains des mis en cause ont reconnu les faits, d’autres se sont murés dans le silence. Une constante : aucun remords, aucun doute sur le caractère destructeur de leur activité. Car derrière le vernis « entrepreneurial », le cannabis livré en bas de l’immeuble ruine des vies — et mine en silence les quartiers, les familles, l’autorité de l’État.

Le narco-business made in France avance masqué, mais il avance vite. Et tant que l’impunité ou la clémence judiciaire prévaudront, ces « call-centers » du trafic continueront à recruter, livrer et s’enrichir. En toute modernité, et au détriment de toute moralité.

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