Ils ne travaillent pas à la SNCF, mais ils ont compris le réseau comme personne. En Île-de-France, 17 entrepreneurs de l’économie souterraine ont été interpellés pour avoir volé, depuis janvier 2024, 189 tonnes de câbles en cuivre sur des chantiers du Val-d’Oise et des Yvelines. Soit l’équivalent de plusieurs kilomètres de lignes téléphoniques, télécoms, et sans doute d’un peu de notre patience nationale.
Mais que l’on se rassure : nos voleurs avaient de l’ambition. Fini les petites reventes dans un coin d’entrepôt miteux. Ici, c’est véhicules de luxe, bijoux scintillants, vêtements griffés et même investissement immobilier. La PME du recel 3.0. Résultat des courses : 2 millions d’euros d’avoirs criminels saisis. Et probablement quelques larmes chez les revendeurs de montres suisses à Dubaï.
72 chantiers pillés. 877 000 euros de cuivre. Et un pays toujours aussi surpris à chaque découverte du mot “réseau”. Il faut dire qu’en 2025, la délinquance ne se cache plus : elle roule en Porsche, s’habille en Balenciaga et investit dans la pierre. Elle ne rêve pas de s’enfuir : elle s’installe. Et pendant ce temps, l’État… regarde.
Les malfaiteurs encourent jusqu’à 15 ans de réclusion criminelle. Mais soyons sérieux : qui, parmi eux, passera plus de 18 mois derrière les barreaux ? À défaut de couper les câbles, ils savent tirer les bonnes ficelles judiciaires. Quelques bons avocats, quelques larmes bien placées sur les conditions de vie en détention, et le tour est joué.
Dans une société où certains peinent à se chauffer, d’autres s’enrichissent en fondant des start-up du vol organisé, adossées aux marchés internationaux du cuivre. L’Île-de-France a désormais ses licornes, ses logisticiens, ses traders… du câble.
Et pendant que l’on pleure sur la “fracture numérique”, eux la creusent à coups de pinces coupantes, pour mieux y faire passer des liasses.
