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Jean Castex a été nommé Premier ministre, a annoncé l’Elysée par un communiqué, vendredi 3 juillet. Pour le grand public, c’est un inconnu. Chargé par Emmanuel Macron de gérer le déconfinement, on le présente comme « l’homme de la synthèse entre la haute fonction publique et les élus locaux », et comme « un bon connaisseur de la réalité des territoires ».

Cet énarque a fait sa carrière dans la droite molle, d’abord aux côtés de Xavier Bertrand, avant de devenir secrétaire général adjoint de ­l’Elysée en 2011, sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Spécialiste du secteur de la santé, c’est aussi un élu local.

Né en 1965 à Vic-Fezensac (Gers), il fait des études d’histoire à Toulouse, puis Sciences-po et enfin l’Ecole nationale d’administration (ENA). Admis à sa sortie de l’école à la Cour des comptes, « ce fils et petit-fils d’instituteurs fait le choix iconoclaste d’un poste de directeur des affaires sanitaires et sociales (DDASS) dans le Var », indiquent Les Echos .

De retour à Paris en 2005, Jean Castex poursuit sa carrière dans le sillage de Xavier Bertrand, explique Le Monde . De 2006 à 2008, il sera son directeur de cabinet, d’abord au ministère de la Santé, alors que Jacques Chirac est à l’Elysée, puis au ministère du Travail, sous la présidence de Nicolas SarkozyCette spécialisation dans le domaine de la santé et du social, ainsi que sa proximité avec l’actuel président de la région Hauts-de-France, lui vaudront parfois l’étiquette de « gaulliste social ». 

En 2010, il devient conseiller social à l’Elysée. Son prédécesseur, ­Raymond Soubie, raconte au Journal du dimanche : « Quand j’ai voulu quitter l’Elysée, à l’automne 2010, ­Nicolas ­Sarkozy m’a dit : ‘À une condition : trouvez-moi votre successeur.’ J’ai invité Jean ­Castex à déjeuner à l’Elysée. Je l’ai convaincu au dessert. » En 2011, il devient secrétaire général adjoint de l’Elysée à la fin du mandat de Nicolas Sarkozy. 

Parallèlement, il cherche l’onction du suffrage universel. En 2008, il se fait élire maire UMP de Prades, une commune de 6.000 habitants des Pyrénées-Orientales, près de Perpignan. Il sera constamment réélu depuis : au premier tour des élections municipales de mars 2020, il a obtenu plus de 75% des suffrages exprimés.

En 2017, après l’élection d’Emmanuel Macron, il est nommé délégué interministériel aux Jeux olympiques et paralympiques de 2024 à Paris. Sa mission consiste à coordonner les actions des différents ministères liés à ces événements (sécurité, transport, écologie, sports, etc..), ce qui lui permet d’approfondir sa connaissance des ministères, estime Yves Delcor, son premier adjoint à Prades, interrogé par France 3 Occitanie.

Elle lui permet surtout d’élargir ses contacts dans le sérail politique, à commencer par tous les élus qui comptent en Ile-de-France. Le président socialiste de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, ne tarit pas d’éloges sur Jean Castex : « Je ne le connaissais pas avant qu’il ne s’occupe des JO 2024, raconte-t-il au Monde. Je suis totalement dithyrambique. C’est le mec réglo par excellence. Jamais de coup tordu. Il dit les choses et quand il dit oui, il s’engage à fond. Et en plus, il est très sympathique. Des comme lui, j’en ai rarement croisé dans ma carrière. » D’un autre bord politique, la présidente d’Ile-de-France, Valérie Pécresse, rend hommage, dans le même article, à son « bon sens » et à son « recul par rapport aux jeux de pouvoir ».

« C’est un super mec ! Un homme d’Etat. Le sens du travail, respectueux des gens, toujours à l’écoute », s’enthousiasme un de ses amis inattendus, l’urgentiste Patrick Pelloux, cité par France 3 Occitanie. L’homme sait en outre cultiver ses amitiés, selon Le Journal du dimanche. « C’est un ami, dit de lui l’ancien secrétaire général de FO ­Jean-Claude ­Mailly. Lors de mon dernier congrès, qui n’a pas été simple, il a fait partie de ceux qui m’ont appelé pour témoigner de son amitié. » 

En avril 2020, l’exécutif charge le haut-fonctionnaire de gérer le déconfinement.

« C’est un haut fonctionnaire qui connaît parfaitement le monde de la santé et qui est redoutable d’efficacité », avait précisé le chef du gouvernement Edouard Philippe en évoquant sa nomination. 

Jean Castex se met à la tâche. « Nous avons travaillé sept jours sur sept, jours fériés compris, avec des nuits très courtes », a-t-il confié au quotidien régional L’Indépendant, lors de sa dernière interview, mardi 9 juin. Son travail, et l’avancée prudente qu’il prône, sont salués quasi unanimement. Il entre alors, selon Le Monde, dans la catégorie des « ultra-ministrables ». Il réussit finalement à faire encore mieux.

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