Excellente nouvelle : l’audiovisuel public va passer sur le gril d’une commission d’enquête parlementaire. Et même si, on le sait bien, ce n’est que du cirque (comme tout ce que produit la « représentation nationale » qui ne représente qu’elle-même), au moins on va s’amuser. Le décor est planté : des dizaines d’auditions, des caméras partout, un parfum de scandale annoncé. Une saison entière de téléréalité politique.
Hollande, Nagui, Lucet, Salamé, Sébastien, Lepers… On croirait une affiche des « Enfants de la télé » version Assemblée nationale. Tout ce beau monde convoqué pour répondre, juré-craché, de la neutralité du service public, ce concept aussi évanescent qu’un édito de France Inter prétendument « pluraliste ».
La neutralité audiovisuelle, vraiment ?
Les députés promettent d’enquêter sur la « neutralité » de France Télévisions et Radio France. Fallait oser. Ceux qui regardent encore savent : la ligne éditoriale est aussi neutre que le café du matin de Delphine Ernotte. Depuis l’affaire Legrand-Cohen — ces journalistes surpris à fricoter verbalement avec le PS — chacun fait semblant de découvrir l’eau tiède. Comme si cette idéologie dominante n’avait pas contaminé les JT, les magazines, les débats et même les sketches du dimanche.
Le pluralisme dans l’audiovisuel public, c’est un peu comme « l’islam des Lumières » : tout le monde en parle, personne ne l’a jamais vue.
Où passent les milliards ?
Quatre milliards d’euros par an. Voilà ce que coûte ce paquebot qui prétend informer le pays. Depuis la disparition de la redevance, tout le monde paie le ticket d’entrée, même ceux qui n’allument jamais France 2. Et que constate-t-on ? Plateformes ratées (Salto, monument national de l’échec), réorganisations brouillonnes, pantouflages glorieux, contrats concentrés entre copains… Un paysage digne d’une République qui a renoncé à se regarder dans le miroir.
Ce qui devait être un service public ressemble par moments à une agence de production privée où les mêmes noms reviennent sans cesse, où les mêmes idées circulent en boucle, et où l’argent public sert trop souvent à engraisser les mêmes structures. Tout le monde le sait, mais personne n’en parlait. Bonne nouvelle : cette fois, ça va peut-être remonter à la surface.
Tribunal politique ?
Évidemment, on accuse Ciotti de vouloir transformer l’exercice en tribunal politique. Les mêmes qui, d’habitude, n’ont aucun scrupule à livrer au bûcher médiatique n’importe quel opposant. Faut-il rire ou pleurer ? Quand l’Assemblée demande des comptes à ceux qui jugent tout le monde à longueur de journée, soudain, on découvre la vertu de la modération.
Une commission pour rien ?
D’un côté, la gauche hurle à l’attaque contre un « pilier de la République ». Rien que ça. De l’autre, la droite espère trouver de quoi justifier enfin la remise à plat d’un système qui tourne en roue libre depuis trop longtemps. Dans l’ombre, tout le monde devine l’enjeu réel : 2027 approche, et l’audiovisuel public sera un terrain de bataille. On ne se bat jamais pour ce qui n’a pas de pouvoir. C’est dire.
La vraie question
Au fond, tout se résume ainsi : 4 milliards d’euros pour faire la même chose que les chaînes privées, mais plus cher et avec une morale greffée dessus. Les Français en ont-ils réellement pour leur argent ?
C’est la seule interrogation que cette commission devrait garder en tête. Si, au bout de treize semaines de show, elle parvient simplement à clarifier cela, on pourra presque dire que l’argent public aura été utile pour une fois.
Souhaitons-le.