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Lundi en fin de matinée, je serai dans la foule qui se massera sur le pont face à l’Hôtel des Invalides. J’y serai parce qu’il s’agit de s’incliner devant les dépouilles de jeunes gens qui ont donné leur vie pour la France. Entendez-moi bien : ils n’ont pas donné leur vie le jour de leur mort, ils l’ont donnée le jour de leur engagement. Comme des dizaines de milliers d’autres, ils ont explicitement accepté la possibilité du sacrifice ultime en s’engageant dans les forces armées françaises. Ils ont choisi la France comme sens à leur vie.

J’entendais un chroniqueur admiratif dire il y a quelques jours sur un plateau : « Ces hommes-là, ce qu’ils ont fait, c’est magnifique, c’est d’un autre temps ! C’est 14 ! » C’est 14 ! C’est vrai qu’il y a de cette geste-là dans ces destins-ci. Un élan vital qui pousse vers une mort quasi promise, comme une manifestation ultime de l’incarnation d’une nation, d’un peuple, qui est tout entier dans le corps du soldat qui s’offre.

J’entends les aigris marmonner… pfff… un accident… même pas au combat… Que la honte soit sur les persifleurs. Et l’honneur est sur ces hommes dont le seul rêve était de rendre à la France ce qu’elle nous a tous donné. L’honneur sur ces drapeaux qui caressent les cercueils de bois, l’honneur sur ces médailles qu’ils portèrent de leur vivant tout comme celle qu’on leur ajoutera post mortem. L’honneur. Tout est dans ce mot.

Et je pense à leurs collègues de Saint-Cyr, casoar au vent, qui rêvent d’infini, comme la France est éternelle, qui porte en elle les druides, les Francs, et les fils de Clovis, roi baptisé.

Je serai sur le pont Alexandre III parce que tant que je tiendrai debout, je n’aurai rien de plus noble à faire que de pleurer la France qui s’en va chaque jour un peu plus.

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