Dans un long entretien avec nos confrères de Valeurs Actuelles, François Fillon observe que le clash historique entre Donald Trump & Volodymyr Zelensky «a le mérite de faire voler en éclats les faux-semblants qui caractérisent les analyses occidentales du conflit en Ukraine». Un mois et demi après le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, l’ex-député de la Sarthe juge que le milliardaire républicain n’est finalement «que la version brutale d’une réalité maintes fois démontrée : l’Amérique n’a pas d’amis».

Si François Fillon reconnaît que la Russie «a commis une faute en déclenchant ce conflit dans lequel elle est enlisée depuis trois ans», il considère qu’il «aurait pu être évité si les dirigeants occidentaux avaient cherché à en comprendre les causes plutôt que de se draper dans le camp du bien.» «Zelensky n’est pas le héros irréprochable magnifié par des Européens auxquels il procure le frisson d’un combat pour la liberté par procuration.»

S’agissant du président russe qu’il avait rencontré du temps de ses responsabilités politiques en France, l’ancien premier ministre affirme que «nous n’avons plus grand-chose à lui dire», Vladimir Poutine «parlant avec le président des États-Unis, qu’il considère comme le seul interlocuteur capable de négocier la paix». Le président américain a beau tenter «d’enrayer la montée en puissance d’un bloc hostile à l’Occident», François Fillon «craint, hélas, qu’il ne soit bien tard pour cela.»

Pour celui qui fut ministre de Jacques Chirac au début des années 2000, «les Russes n’attendent plus rien de l’Europe avec laquelle les relations resteront durablement compromises». La faute d’après lui aux «rodomontades inefficaces des Européens, (à) l’accumulation jusqu’à l’absurde des sanctions, (à) l’inutile inculpation de Vladimir Poutine par la Cour internationale de justice, comme d’ailleurs celle du premier ministre israélien.» «Tout a été fait pour rendre définitive la rupture avec la Russie.» Une erreur stratégique dont François Fillon entend tirer des leçons pour l’avenir : «La question n’est pas de savoir si l’on aime le régime russe, mais celle de la relation stratégique que l’on doit avoir avec cet immense pays en grande partie européen, pour assurer la sécurité du continent.»

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