Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé jeudi dernier qu’il demanderait l’expulsion prochaine du prédicateur musulman Hassan Iquioussen, en raison de propos « incitant à la haine et à la discrimination et porteurs d’une vision de l’islam contraire aux valeurs de la République française ». Une décision qui s’appuie sur la « loi séparatisme », adoptée l’an dernier, et qui vise un imam et prédicateur proche des Frères musulmans et actif depuis plusieurs années au sein des mosquées de la région.

Près de 16 000 signatures recueillies

Rapidement, les soutiens d’Hassan Iquioussen se sont mobilisés contre cette décision, notamment au sein des mosquées se réclamant de la mouvance de l’islam politique des Frères musulmans. Tout d’abord, la mosquée de Villeneuve-d’Ascq a lancé une pétition en ligne contre cette expulsion, et son président, Mohamed Karrat, a écrit au préfet du Nord et au ministre de l’Intérieur pour leur exprimer son « énorme incompréhension » face à cette décision d’expulsion. « En tant que président d’une mosquée, je côtoie M. Iquioussen depuis de nombreuses années. Durant ces longues années, il a fait de nombreuses interventions au sein de notre centre. À travers ses interventions j’ai vu un discours apaisant, responsabilisant et appelant au vivre ensemble. »

Ce lundi, la pétition en ligne comptait près de 16 000 signatures. Le texte accompagnant ce soutien présente cette initiative comme étant celle de « citoyens et citoyennes, musulmans et non musulmans » qui appellent « les autorités françaises à suspendre cet avis d’expulsion qui créerait de la confusion dans la communauté musulmane française, et mettrait injustement en danger la vie d’un homme qui a toujours honoré la justice. » Né en France, Hassan Iquioussen est de nationalité marocaine, un pays où il n’a jamais vécu, et qui serait donc sa destination en cas d’expulsion.

Hassan Iquioussen défendant al-Qardaoui

À Lyon, même son de cloches

Le conseil des Mosquées du Rhône (CMR) ainsi que le Conseil Théologique des Imams du Rhône (CTIR) s’expriment sur cette expulsion soudaine : “Les motivations qui accompagnent cette décision ne nous semblent pas conformes à l’esprit de justice et d’équité qui sont le clef de voûte de nos institutions.”

À travers un témoignage, ces deux conseils souhaitent affirmer que l’imam, lors des différentes interventions et conférences qu’il avait mené dans les différentes mosquées du Rhône, a toujours été dans une ligne de respect des principes des lois qui fondent la république. Le CMR et le CTIR soulignent que Hassan Iquioussen avait toujours défendu les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité en considérant que la laïcité est une chance pour le vivre-ensemble entre toutes les religions et toutes les philosophies.

“Nous l’avons toujours connu fidèle à son engagement rejetant la haine de l’autre, condamnant le racisme, l’antisémitisme, l’extrémisme, l’obscurantisme et le terrorisme et prônant l’égalité homme-femme, et a tout au long de son ministère promu sans relâche le dialogue, le respect, la paix et le vivre-ensemble. C’est parce que nous le connaissons, que nous sommes conscients de nos responsabilités et de la portée que cette décision pourrait avoir dans l’opinion publique.”

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