La récente étude approfondie de Hakim el-Karoui et Benjamin Hodayé sur les militants européens  a suggéré deux scénarios possibles pour l’avenir du djihadisme en Occident : le premier voit les vétérans du djihad syrien et leurs futures cohortes tourner leur ligne de mire principalement vers l’Europe, plutôt qu’une zone de guerre lointaine.

La deuxième perspective, sans doute la plus troublante, est que la population djihadiste en Europe se reconstitue en un mouvement social, accélérant ce que les gouvernements européens appellent le  séparatisme

Un autre universitaire français, Hugo Micheron, s’est récemment entretenu avec des dizaines de djihadistes emprisonnés et certains ont fait allusion à ce changement de stratégie. Leur objectif est l’homogénéisation totale de la croyance musulmane occidentale selon leur interprétation (le seul véritable islam, selon eux), avant d’encourager ou d’imposer la séparation et le retrait de l’incroyance environnante. L’objectif, selon les extrémistes incarcérés, est d’insérer un projet salafiste-djihadiste au cœur de l’Europe au lieu d’un lointain champ de bataille. Si cette tendance de pensée devient dominante, alors, comme l’écrit Micheron, le djihadisme devient un défi social, intellectuel et politique « avant même qu’il ne décroche une Kalachnikov ».

Comme l’a récemment averti l’ experte Suzanne Raine, lorsque les terroristes se sont tus dans le passé, cela signifie généralement qu’ils étaient en train d’échafauder des plans; une stratégie.

Or, ceux qui sont en prison sortiront bientôt et d’autres rentreront de Syrie. Ils savent maintenant qu’il ne faut pas se lancer dans d’autres confrontations avec les États occidentaux à partir d’une position de faiblesse. Un mouvement qui pense en siècles ne se précipitera pas… il a tout son temps.

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