Il y a dans l’affaire Mila – du nom de cette lycéenne menacée de mort par des individus qui lui reprochent d’avoir critiqué leur religion – un aspect qui pourrait concerner chacun d’entre nous : l’incapacité de l’État à assurer la sécurité des citoyens – ou même d’un seul d’entre eux – face à des hordes haineuses.

La jeune femme, en effet, a été déscolarisée, car dès le lendemain matin de la publication en ligne de sa diatribe, elle était « attendue » dans son établissement scolaire.

La presse, dans son entièreté, s’est fait écho des diverses réactions à cette affaire dont les aspects sont multiples. Le type de langage utilisé par la demoiselle, le contenu de sa harangue, le média choisi pour celle-ci, le format, les réactions institutionnelles d’un côté comme de l’autre, tout est sujet à débat et à divergences d’opinion. En revanche, personne ne semble s’offusquer outre mesure de cet incroyable état de fait : il semble que n’importe quel groupe de personnes peut bouleverser (pour ne pas dire détruire) la vie de tout un chacun, à coup de menaces de mort, sans que l’État ne puisse rien faire pour protéger le citoyen visé.

C’est une situation gravissime.

Bien évidemment, l’aspect pratique des choses n’est pas négligeable, et je ne le néglige point : comment protéger techniquement, réellement, efficacement, une personne se trouvant physiquement au milieu de celles et ceux qui veulent sa mort ? La seule réponse efficace, c’est de retirer de la circulation lesdites personnes ; une solution, vu les nombres en jeu, absolument irréaliste dans le cadre de l’État de droit.

Car c’est bien là le piège infernal dans lequel nos démocraties sont tombées : en protégeant les citoyens à travers le droit, elles n’ont pratiquement plus aucun moyen de protéger UN citoyen pris à partie par une foule qui se rit dudit droit.

Et maintenant, on fait quoi ?

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