Ce samedi soir, alors que dans les rues de Bordeaux quelques barricades continuent de brûler, un citoyen français est en train de se faire insulter sur le plateau de BFM TV. Son crime ? Il dénonce – en des mots modérés – la vente à des opérateurs privés d’Aéroports de Paris et de la Française des Jeux.

Le problème : cet homme a raison. Ces ventes sont une honte, une dilapidation, et elles invalident tout discours qui s’ancrerait sur « il n’y a plus d’argent dans les caisses ». Mais puisque son discours est politique, (il semble être lui-même proche de l’extrême gauche), il est rejeté par l’un des intervenants sur le plateau qui lui hurle dessus « vous n’êtes pas un vrai Gilet Jaune car votre discours est politique ». Autrement dit : puisque votre argumentaire est articulé, vous n’êtes pas du peuple.

L’un des combats des Gilets Jaunes est contre le mépris de classe. Contre ce ton condescendant avec lequel les médias, tous parisiens, évoquent « les autres », « les invisibles », bref, la France.

Ce combat est digne de Sisyphe : ça fait des siècles que Paris – ou Versailles – rit des provinciaux. Et lorsque ceux-ci n’ont pas les mots, le langage qui convient, alors les rires redoublent. 

Qu’un pays à l’antique culture chrétienne tolère ces comportements insultants est déjà un non-sens. Mais que, devant la douleur de millions de Français, les rires continuent de fuser, c’est une véritable honte.

Cet homme, sur le plateau de BFMTV, leur a calmement expliqué : « Oui, c’est vrai, le mouvement des Gilets Jaunes comprend des gens d’extrême gauche, des gens d’extrême droite. Oui, vous avez réussi à les agréger ».

C’est probablement la véritable victoire des Gilets Jaunes – et peut-être la seule, mais qu’elle est belle – : avoir recousu le tissu social du peuple de France, bien au-delà de ses options politiques. Le peuple de France, ensemble, contre ceux qui le blessent.

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