Imaginons un pays qui ait le niveau de développement de la Suède ou de la Suisse ou du Japon, au niveau économique, institutionnel, scientifique et technique, etc. Pareil à tout point de vue sauf une chose : il n’y a pas l’eau courante.

Dans ce pays, toutes les infrastructures sont ultra-modernes, les trains, l’électricité, le metro, etc. Sauf que pour avoir de l’eau il faut aller avec un seau au puits commun et le ramener chez soi.

Imaginez un tel pays, la vie des gens, la déconnection absurde entre avoir la 5G sur son iPhone et devoir faire bouillir l’eau du puits avant de pouvoir la boire.

Imaginons en outre que, dans ce pays, chaque année des centaines voire des milliers d’enfants meurent parce qu’ils chopent la salmonelle ou d’autres maladies en buvant l’eau frelatée du puits. Dans ce pays, c’est considéré comme normal, c’est la vie, ça a toujours été comme ça. C’est une exception culturelle.

Mais nous, que penserions-nous de ce pays ?

Nous penserions qu’ils sont fous. Nous trouverions cette situation complètement absurde, car si nous admettons qu’un pays très pauvre puisse ne pas avoir l’eau courante, nous considérons naturellement qu’il s’agit d’une condition absolument nécessaire de la vie dans un pays un minimum développé. Dans un pays un minimum développé, le fait que les logements et bureaux soient équipés d’une eau courante propre est un minimum. Mais surtout, nous penserions que leur gouvernement est moralement et politiquement responsable de cette situation. Car il a parfaitement les ressources économiques et techniques pour installer l’eau courante propre partout.

Cela demanderait un certain effort, certes, mais tellement minime au regard des capacités de cet État, que nous considérerions qu’il s’agit d’un choix. Si une petite fille meurt de la salmonelle après avoir bu de l’eau frelatée, il est vrau qu’aucun dirigeant n’a signé un arrêt de mort avec son nom. Mais il est également vrai que ces dirigeants auraient pu très facilement empêcher cette mort, et nous considérerions néanmoins qu’ils en sont responsables.

Bon, très bien, me direz-vous, mais tout ça est absurde. Il n’existe pas de pays tel que je le décris, avec un niveau de développement très élevé et qui pourtant refuse, uniquement par lubie, de s’équiper de l’eau courante, et ce même si cela tue des innocents chaque année.

Bien sûr que si un tel pays existe : c’est le nôtre. Et l’Europe de l’Ouest. Et de grands pans des États-Unis. Sauf que je ne parle pas de l’eau courante, mais de la sécurité des biens et des personnes.

Oui, la sécurité des biens et des personnes est un analogue à l’eau courante : ça fait partie du minimum minimorum de la vie dans une société moderne et développée. C’est très facile à mettre en place, et un État développé qui refuserait de le faire deviendrait une Absurdie.

Deux exemples le montrent : l’Asie de l’Est et…nous-mêmes il y a quelques décennies. En Asie de l’Est la criminalité de rue est parfaitement inconnue. En Corée du Sud, si vous oubliez votre ordinateur portable dans le métro, il vous retrouvera. Au Japon, les femmes qui vont au MacDo posent leur sac à main sur leur table pour la réserver avant d’aller à la borne pour commander. Les asiatiques qui viennent en France réagissent à notre niveau DÉ-LI-RANT de criminalité exactement comme nous réagirions en arrivant au Japon et découvrant qu’il faut aller chercher son eau au puits avec un seau. Et oui, délirant : on parle tellement des évolutions d’une année à l’autre ou d’un quinquennat à l’autre qu’on ne se rend pas compte que depuis les années 60 il y a eu une explosion, que nous sommes passés complètement à une autre société.

Ce qui m’amène au sujet suivant : quand on cite l’absence de criminalité en Asie de l’Est, on répond que c’est parce qu’ils auraient une « culture » différente. Déjà c’est raciste. Ensuite c’est faux, ou en tous les cas ce n’est qu’une explication très partielle. Déjà ces pays ont des appareils répressifs très développés. Si personne ne jette un papier d’emballage dans la rue à Tokyo, c’est peut-être parce que c’est leur culture ; c’est aussi indubitablement parce qu’il y a des amendes très sévères contre ça et qu’elles sont appliquées. À Singapour c’est très connu : si vous jetez un chewing gum par terre, vous SEREZ arrêté.

Ensuite, si le sujet est « la culture », ça n’explique pas pourquoi nos pays, il y a quelques générations, étaient tout aussi sûrs que le Japon, la Corée ou Singapour, ou presque. Dans les années 60, en Seine-Saint-Denis, les gens ne fermaient pas leur porte à clé. Lee Kuan-Yew, le père fondateur de Singapour, raconte dans ses mémoires sa stupéfaction, comme jeune étudiant ayant reçu une bourse pour étudier en Angleterre, de voir, dans les parcs de Londres, des journaux laissés à disposition. La pile de journaux, une petite boîte à côté, et celui qui voulait un journal mettait le montant demandé dans la boîte et prenait un journal, pas plus. Personne ne trichait. Cette scène, à l’époque tellement ordinaire qu’elle ne pouvait surprendre qu’un étudiant venu d’Asie, est aujourd’hui de la science-fiction pour nous européens. Aujourd’hui ce sont les européens qui voyagent à Singapour qui sont bouche bée devant leur niveau de propreté et d’ordre.

Ces quelques exemples montrent que la sécurité dans la rue est l’équivalent de l’eau courante : un minimum minimorum, la *base* de la vie dans une société un peu moderne et développée. La France et l’Angleterre en 1955 n’étaient pas des tyrannies. Il n’y avait pas de Stasi ou de Gestapo. C’étaient juste des pays modernes développés normaux.

Que s’est-il passé ? L’immigration me direz-vous. Certes, étant donné la sur-représentation massive de certaines populations dans la criminalité, ce serait absurde de le nier.

Mais pas seulement.

La politique répressive y est pour beaucoup. Singapour a une population extrêmement diverse, mais presque pas de criminalité. À partir des années 70, nos pays ont adopté des politiques et des lois qu’il faut simplement appeler pro-criminels. Encore une fois, la France de 1965 n’était pas une dictature. Un accusé bénéficiait de droits et était jugé selon les règles de droit. Mais il n’y avait pas 47 différentes manières pour un avocat de la défense de vicier la procédure. Et les juges ne considéraient pas que tout criminel était une victime de la société et que leur rôle était, selon la fameuse devise du Syndicat de la magistrature (syndicat majoritaire) : « Soyez partiaux ».

Au passage, on se demande pourquoi des fonctionnaires dont l’indépendance et le statut sont protégés par la Constitution ont besoin de « syndicats » et quelle mouche a piqué le premier gouvernement qui a autorisé cette oxymore qu’est un syndicat de juges.

Bref : immigration, politique pénale, ce qu’on veut, les causes sont moins importantes que le constat que j’aimerais faire ici : l’absence de sécurité des biens et des personnes est un CHOIX POLITIQUE.

Nous nous sommes habitués à vivre dans la peur, et à penser qu’être entourés de prédateurs fait partie de l’ordre naturel, tout comme le fait d’aller chercher l’eau au puits. Après tout on a toujours fait comme ça. Sauf que c’est faux. C’est absurde.

Si le gouvernement, n’importe quel gouvernement, le voulait, l’insécurité pourrait disparaître DEMAIN. En moins d’un an, nous pourrions atteindre le même niveau de sécurité que le Japon.

Demandez à un flic ou à un juge de droite : « Si on y mettait les moyens financiers et humains et qu’on levait les obstacles juridiques et politiques, est-ce qu’on pourrait mettre fin rapidement à l’insécurité en France ? » La réponse est absolument oui. Il suffirait d’un minimum de volonté, exactement comme pour mon hypothétique Suède-sans-eau-courante. Il leur suffirait d’un an, ou dix-huit mois, pour que tout le monde ait une eau courante propre et abondante.

Je développe tout ça pour mettre en lumière deux points selon moi fondamentaux :

1. Vous avez le DROIT à une sécurité absolue de votre personne et de vos biens (d’ailleurs il est reconnu par la DDHC), c’est parfaitement possible c’est même relativement facile à mettre en place. N’acceptez pas moins et soyez conscient de l’absurdité de la situation actuelle. Non, l’insécurité n’est pas un phénomène naturel comme la pluie et le beau temps. C’est un choix politique.

Donc,

2. Nos dirigeants sont responsables, moralement et politiquement.

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