La macronie ? Une carcasse vide

Frederic Legrand - COMEO / Shutterstock

Le dernier baromètre Ifop-Fiducial a beau porter la griffe du Figaro, il pourrait figurer sans rougir dans un manuel de sciences politiques pour étudiants de première année : quand un pouvoir s’épuise, l’électorat se tourne vers les figures qu’il identifie comme capables d’assumer la rupture. Ce qui ressort de cette enquête, c’est un double mouvement brutal : l’effondrement de toute dynamique présidentielle… et la cristallisation autour du tandem Bardella – Le Pen.

Le RN conforté dans sa position de premier bloc politique

Les Français ne s’y trompent pas : selon le sondage, Jordan Bardella demeure de loin la candidature souhaitée par le plus grand nombre. Quatre Français sur dix aimeraient le voir se présenter, un score auquel aucun autre prétendant ne s’approche vraiment. Marine Le Pen suit de près, malgré les incertitudes judiciaires qui l’empêchent pour l’heure de s’afficher en candidate. L’opinion semble avoir tranché : que ce soit l’héritière ou son successeur, le courant national reste la seule force politique solide, identifiable, cohérente.


Les chiffres sont implacables. Trois quarts des sondés sont persuadés que Bardella sera dans la course. Autrement dit : la société a intégré son rôle de prétendant sérieux. La normalisation du RN n’est plus un débat d’éditorialistes ; c’est un fait sociologique.

Le bloc central en pièces détachées

Face à cela, la macronie ressemble à une carcasse politique que chacun démonte pour récupérer quelques pièces avant la mise à la casse. Édouard Philippe, jusqu’ici présenté comme l’homme du consensus, voit son attractivité reculer. Gabriel Attal et Gérald Darmanin suscitent davantage de pronostics que de désirs : les Français pensent qu’ils seront candidats — mais sans en vouloir véritablement.

Vous retrouvez là l’éternel mirage du centre : une multitude d’itinéraires personnels, aucune colonne vertébrale collective. Ce que le sondage révèle, c’est moins la force du RN que le vide sidéral laissé par le macronisme finissant. Après huit ans de règne, il ne reste rien.

La (fausse) droite à la recherche d’un réanimateur

Du côté des Républicains, c’est l’hémorragie. Bruno Retailleau, pourtant l’une des rares voix structurées du camp conservateur, chute lourdement. Wauquiez ne décolle pas, Bertrand stagne. Chacun avance, mais sans souffle. Les Français ne leur ferment pas la porte, mais ils n’y discernent pas davantage l’ombre d’un renouveau.

La décomposition de la droite traditionnelle est désormais une constante des analyses politiques : ce sondage ne fait que confirmer l’incapacité de ce camp à produire un visage, un récit, une volonté.

Une gauche morcelée, sans figure, sans élan

Côté gauche, rien ne change : une dispersion totale, des ambitions concurrentes, une absence de leader naturel. Raphaël Glucksmann devance les autres, mais sans créer la moindre dynamique populaire. Mélenchon, malgré ses outrances, conserve un socle de crédibilité interne — au point que 60 % des Français pensent qu’il tentera une quatrième fois sa chance. Une gauche qui mise sur Mélenchon pour exister prouve qu’elle ne sait plus ce qu’elle veut être.

Les Français ne croient plus en la république

Au fond, ce sondage raconte quelque chose de simple : les électeurs ne croient plus en ceux qui incarnent la continuité du pouvoir. Ils n’attendent plus rien d’un système qui a produit confiscation démocratique, immobilisme économique, chaos migratoire et déclassement social.

Le seul bloc jugé capable d’incarner une rupture cohérente reste le RN — avec toutes les questions que cela pose, et toutes les peurs que cela réveille chez ceux qui se croyaient installés pour l’éternité.

Une élection qui s’annonce sismogénique

Si la tendance perdure, l’élection de 2027 pourrait devenir l’un des plus grands télescopages entre les élites politiques et l’opinion depuis des décennies. Le sondage du Figaro n’est pas un épiphénomène : c’est un thermomètre. Il dit la fièvre, la fatigue, la lassitude, et peut-être l’envie d’autre chose.

Il reste un an et demi, mais les lignes sont déjà tracées. Le bloc central s’essouffle. Le bloc national s’installe. La gauche flotte. La droite se cherche. L’équation est simple : plus rien n’est figé, sauf le besoin de changement.

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