Les deux pays n’ont plus d’ambassadeurs en poste, à Paris comme à Téhéran, depuis plus de six mois. Les relations entre la France et l’Iran étaient entrées dans une période de forte tension à l’été 2018. Cette crise diplomatique prenait sa source dans divers dossiers. Fin juin, une tentative d’attentat à l’explosif contre le rassemblement à Villepinte, près de Paris, d’un groupe d’opposition iranien, les Moudjahidines du peuple (MEK), avait été déjouée. La France a accusé une les Renseignements iranien d’avoir planifié ce complot présumé. Téhéran, qui dément strictement les accusations françaises, reproche à Paris d’héberger le MEK, que l’Iran qualifie de «secte terroriste d’hypocrites».

Les relations franco-iraniennes sont également compliquées par les exigences françaises de voir l’Iran renoncer à son programme de missiles balistiques.

De son côté, Téhéran s’offusque des ventes d’armes massives de Paris à ses voisins comme l’Arabie saoudite ou les Emirats arabes unis, ses rivaux dans la région. Mais la France est par ailleurs l’un des trois pays européens (avec l’Allemagne et la Grande-Bretagne) qui tentent de sauver l’accord de Vienne, mis à mal par la décision du président américain Donald Trump de quitter ce pacte en mai 2018. Pour l’instant, les efforts des trois pays européens sont jugés largement insuffisants par Téhéran.

Mais aujourd’hui, les choses évoluent dans le sens d’un réchauffement.

En effet, selon une source officielle iranienne, Bahram Ghassemi, porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, a été nommé ambassadeur d’Iran à Paris. Le Journal officiel de la République française publie de son côté ce 6 mars le décret de nomination de Philippe Thiébaud comme «ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République française auprès de la République islamique d’Iran».

Ambassadeur au Pakistan, pays voisin de l’Iran, de 2011 à 2014, Philippe Thiébaud, qui siège actuellement au Conseil d’Etat, a été gouverneur pour la France à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) entre 2000 et 2005, période lors de laquelle a émergé la question nucléaire iranienne ayant empoisonné les relations entre Téhéran et la communauté internationale jusqu’à la conclusion d’un accord international sur le nucléaire iranien en juillet 2015 à Vienne. Bahram Ghassemi a pour sa part été ambassadeur d’Iran en Espagne et en Italie.

L’annonce de la nomination des nouveaux ambassadeurs survient au lendemain de la publication dans le journal ultraconservateur iranien Kayhan d’un article appelant à l’expulsion de diplomates français présents en Iran en représailles contre la France. Selon Kayhan, la France aurait expulsé à l’automne un diplomate iranien en poste à Paris l’accusant d’avoir été lien avec l’attentat déjoué de Villepinte. Cette information n’a jamais été confirmée officiellement, ni démentie, tant par Paris que par Téhéran.

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