Nos confrères d’Actu.fr racontent l’horreur subie par un jeune élève :

14 Janvier 2022. Jules 1, 16 ans, sort de cours. Il est midi. Devant le collège, plus de cinquante élèves l’attendent. « Ils étaient là pour voir le spectacle », se souvient-il. Ce jour-là, le jeune collégien doit se battre contre Rayan*, un élève de sa classe.

L’heure qui a suivi allait mettre en pause toute l’année scolaire de Jules. Paralysé à l’idée de sortir à l’extérieur et de recroiser son agresseur, il a été déscolarisé de son établissement, situé près de Lyon. 

Grâce à l’EMDR, (Eye Movement Desensitization and Reprocessing), une méthode innovante de psychothérapie par mouvements, qui vient des États-Unis, il a pu surmonter ses peurs et reprendre le cours normal de sa vie. Jules a accepté de nous livrer le récit de ce « jour où tout a basculé ».

(…) « Rayan s’est pris pour quelqu’un d’important, en un mois, il est passé de ‘blagues’ à ‘mauvaises blagues’. Il faisait toujours des remarques sur l’origine ou le physique des gens », indique le collégien.

Au collège, Jules est un élève impliqué, il est délégué de classe et a également l’habitude d’enchaîner les bonnes notes. Mais certains s’amusent à lui faire des remarques comme « sale français ». Un type de « taquinerie » qui n’a jamais été du goût de Jules. Lui, ne comprend pas que l’on juge quelqu’un sur son origine.

Pourtant, il explique être habitué à ce genre de réflexions : « C’est banal d’entendre ça dans un collège REP (Réseau d’Education Prioritaire) ». Alors, rapidement, il s’adapte et tente d’éviter les éléments perturbateurs, comme Rayan.

(…) Mais le lendemain, alors que Jules sort des sanitaires du collège, des amis de Rayan l’interpellent. En cause : Jules aurait « atteint à l’honneur de Rayan » en le prenant par le col. Alors, maintenant, il faut qu’il se batte avec lui pour rétablir l’équilibre.

Un ultimatum est donné au collégien : si Jules n’accepte pas de se battre en duel le jour même contre Rayan, ils reviendraient à dix contre lui, pour un combat un peu moins équitable.

(…) « Je n’ai pas eu le choix, j’ai essayé de retarder l’échéance mais ils ne voulaient rien entendre. Et moi, je préférais me battre contre une personne plutôt que dix », raconte Jules, pragmatique.

(…) Puis les deux garçons commencent à se battre. Jules finit à terre, Rayan lui donne un coup de pied dans la tête, Jules rend la pareille avec un coup de pied à l’entrejambe et réussit à se relever. Le tout dure un moment. Autour d’eux, un cercle d’élèves regarde, téléphones en mains.

(…) Jules s’exécute sans même remettre ses chaussures, mais tout un groupe continue à le suivre, demandant un « round 2 ». Le surveillant, lui, est déjà loin. « Ils me suivaient et je ne voulais pas qu’ils voient où j’habite », se souvient l’adolescent. (…)

C’était très dur, j’étais pas bien, j’avais peur de sortir. Parfois, on était en voiture et je me baissais quand on croisait des gens, j’avais peur qu’on me voit. Ça m’a dégouté quand j’ai appris qu’ils n’avaient eu aucune sanction pour ce qu’ils m’avaient fait.

Jules, 16 ans

(…) Depuis que Jules a changé d’établissement, il a des rêves plein la tête et a même réussi à valider son année scolaire haut la main avec une mention très bien au brevet des collèges.  Une belle revanche après des semaines passées à se reconstruire, loin des bancs de l’école.

Notes:

  1. *Les prénoms ont été changés et l’établissement n’a pas été mentionné afin de préserver l’anonymat du témoignage.
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