Jugé pour avoir proféré des injures antisémites à l’encontre d’Alain Finkielkraut, ce musulman converti en 2000, né à Constantine en Algérie, s’empêtre dans les explications souvent confuses, parfois délirantes. Sa ligne de défense est simple : il n’est pas antisémite, mais antisioniste. Celui qui manifeste par « solidarité » avec les « gilets jaunes » entend dénoncer dans la rue tous les samedis le « lobby sioniste » qui fait tant de « mal » aux Français, en influençant les dirigeants politiques. S’il a invectivé l’intellectuel ce jour-là, c’est parce que ce dernier a lui aussi beaucoup « d’influence » en France.

« J’ai du mal à m’expliquer », balbutie-t-il. « Et on a du mal à le comprendre », répond le magistrat. Benjamin W. affirme avoir agi « avec passion » mais « sans haine ». « Même quand vous lui dites « tu vas mourir » ? » demande le président. « Bah, on va tous mourir un jour ou l’autre… », ose le prévenu. Le président poursuit : « Quand vous dites « La France, elle est à nous », qu’est-ce que vous englobez ? » Il prend une seconde pour réfléchir. « Je pense à tous les peuples, sauf les haineux, les racistes, et tous les extrêmes. Lui, par ses prises de position, il divise la France. » 

Benjamin W. essaie de manipuler des concepts que manifestement il ne maîtrise pas. Pour lui, l’Etat d’Israël a été créé « avant la Première Guerre mondiale » et non en 1948. Et depuis, il tente par tous les moyens de détruire « l’Etat palestinien ». Etat qui n’existe pas comme le lui rappelle l’un des trois juges. Présent à l’audience, Alain Finkielkraut souligne qu’il milite depuis le début des années 1980 pour une solution à deux États, entre Israéliens et Palestiniens. « Cela m’a valu d’être en délicatesse avec une partie de la communauté juive », affirme celui qui se dit « sioniste » au sens large.

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