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La multiplication des blessures graves dont sont victimes tant les manifestants que les forces de l’ordre pose de nombreuses questions sur les choix possibles en terme de stratégie de maintien de l’ordre.

Mis à part quelques inconscients, tout un chacun est d’accord pour que l’Etat maintienne l’ordre. Lorsqu’une manifestation dégénère en déluge de violence, des moyens doivent être mis en action pour juguler, canaliser, puis réduire cette violence. Quand seul le mobilier urbain est atteint, on considère habituellement que ça reste dans le domaine de l’acceptable. Quand, en revanche, des propriétés privées commencent à être détruites (véhicules, commerces), les forces de l’ordre ont pour habitude de passer à l’échelon supérieur de la répression, puisque ne pas réprimer, dans ce cas, serait manquer au devoir de protection des populations.

On le sait, Louis XVI, confronté aux événements que l’on connaît, a refusé de faire couler le sang des Français. Louis-Philippe fit de même. Mais celui-ci, apprenant que Cavaignac avait fait tirer sur les émeutiers le 25 juin 1848, s’écria : « La République a de la chance, elle peut tirer sur le peuple ! »

Les événements du 6 février 1934 lui donneront de nouveau raison, a posteriori. Parmi la population, on relève en une journée 14 morts et 657 blessés. Les 14 tués l’ont été par balles.

Depuis, les choses ont changé. Beaucoup. La mort de Malik Oussekine en 1986, tombé sous les coups de policiers, est restée dans les esprits des dirigeants français qui se sont succédés depuis. Si Charles Pasqua et Robert Pandraud refusèrent alors de désavouer la police, depuis, l’attitude des politiques s’est inversée. On se souvient de François Hollande se ruant au chevet de Théodore Luhaka, bien avant que toute enquête ne soit faite, pour lui apporter « tout son soutien ».

Les manifestations des Gilets jaunes posent de nouveaux problèmes. Les deux premiers « actes » ont été gérés « comme d’habitude » par les forces de l’ordre. Mais lors de l’Acte III, le 1er décembre, des manifestants s’en prennent à l’Arc de Triomphe, et les images en direct sur les chaînes TV sont dévastatrices. On y voit même un policier échappant de peu à un lynchage. Il devient clair que les méthodes habituelles ne suffiront pas.

Alors, les LBD sont de plus en plus mis à contribution, et les forces de l’ordre comprennent peu à peu que le gouvernement les soutiendra en cas de blessure, même grave, de manifestants.

Certains ont demandé à la justice, sans succès, d’interdire l’usage des LBD. La réponse du ministre de l’intérieur fait froid dans le dos, mais il est difficile de lui donner tort : si l’on interdit les LBD, il ne restera plus à disposition que les Sig-Sauer SP 2022. Et personne ne peut vraiment souhaiter ça.

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