Collège Diderot à Besançon : les profs craquent, l’État regarde ailleurs
Tout le dossier : EnsauvagementIl aura fallu des menaces de mort, des coups de téléphone haineux, des tirs de mortier et des listes de profs désignés à l’abattoir sur TikTok pour qu’enfin les enseignants du collège Diderot à Besançon se décident à faire ce qu’aucun d’eux ne devrait jamais avoir à faire : exercer leur droit de retrait. Autrement dit, quitter leur poste non pas par lassitude, mais par peur. Par instinct de survie.
Une enseignante menacée de se faire « casser les dents » par un parent d’élève. Des intrusions d’armes blanches, des tasers, des bombes lacrymogènes, des tirs visant l’établissement. Et ce collège, situé dans le quartier « sensible » de Planoise, serait selon son principal un lieu « habituellement plutôt calme » ? À ce stade, le déni n’est plus une politique, c’est une abdication.
Dans n’importe quel autre contexte, ces faits choqueraient l’opinion publique, provoqueraient une vague de solidarité nationale, des déclarations enflammées de ministres. Mais ici, à Planoise, dans la France des zones perdues pour la République, l’État baisse les yeux. Les syndicats multiplient les euphémismes, parlent de « manque de personnel » et de « besoin d’infirmières ». Ils refusent encore, obstinément, de nommer le mal.
Car le problème, ce n’est pas le manque de pions ou l’absence de médiateurs. Le problème, c’est que certains établissements scolaires sont devenus des zones de non-droit, où une minorité ultra-violente impose sa loi, sa haine de la France et de ses représentants. Et où les professeurs — ce qu’il reste de l’autorité de l’État — sont sommés de se taire, de plier, ou de subir.
À Besançon comme ailleurs, l’école n’est plus ce sanctuaire républicain tant vanté par nos élites. Elle est devenue un terrain d’intimidation, de harcèlement et de peur. On y entre avec des couteaux, on en sort avec des vidéos de menaces diffusées sur les réseaux. Et pendant ce temps, les autorités, elles, comptent les jours avant les vacances scolaires.
Mais que faut-il encore pour que les pouvoirs publics comprennent qu’il ne s’agit pas de simples « faits divers » ? Que cette guerre basse intensité menée contre l’institution scolaire est en réalité un sabotage de notre civilisation ? Que protéger les professeurs, c’est protéger ce qui reste de la France debout ?
La réponse, pour l’instant, tient dans ce silence gêné, ce regard fuyant, cette préférence idéologique pour la « réinsertion sociale » plutôt que pour la restauration de l’ordre. Pourtant, à Planoise comme ailleurs, ce que demandent les profs n’est pas la lune. Juste de pouvoir enseigner sans risquer leur vie.