Il est malade, âgé, respecté dans le monde entier. Et pourtant, Boualem Sansal croupit dans une prison algérienne pour avoir exprimé des idées. Ce vendredi, la nouvelle est tombée : malgré la fête de l’Indépendance algérienne, le président Abdelmadjid Tebboune n’a pas accordé la moindre grâce à l’écrivain. Cinq ans de prison ferme pour avoir « porté atteinte à l’intégrité nationale » — autrement dit : pour avoir parlé.
Un écrivain condamné pour une phrase
Le crime de Boualem Sansal ? Une déclaration dans un média français où il rappelait, en toute liberté intellectuelle, une évidence historique : l’Algérie moderne doit ses frontières actuelles à la colonisation française. Pas de quoi justifier une arrestation en pleine rue, un procès expéditif, et une incarcération infamante. Mais en Algérie, l’histoire est confisquée par le régime. Et la parole libre, même venant d’un homme malade de 80 ans, est désormais punie comme un acte de guerre.
Un silence français accablant
Face à cela, que fait la France ? Rien. Quelques mots creux du Premier ministre François Bayrou, qui espère une « mesure de grâce » pour raison médicale. Comme si la question était humanitaire, et non politique. Comme si l’on pouvait se contenter de tendre la main à ceux qui nous crachent à la figure.
Osons dire les choses : Boualem Sansal est un otage. Un otage d’un régime algérien qui ne cache plus sa haine de la France. Et il est aujourd’hui la victime expiatoire d’un pouvoir qui instrumentalise l’histoire, la littérature et les relations diplomatiques à des fins de contrôle idéologique.
Il faut aller le chercher
Quand un citoyen français est condamné de manière arbitraire dans un pays hostile, il y a un moment où les protestations diplomatiques ne suffisent plus. Laisser Boualem Sansal mourir en prison, c’est envoyer un signal de faiblesse qui rejaillit sur la nation tout entière.
Nous ne disons pas qu’il faut déclarer la guerre. Mais il existe des moyens, directs, indirects, discrets. Il existe des réseaux. Il existe encore en France des hommes de courage. Il faut envisager une opération d’exfiltration. Il faut mettre la pression sur Alger, ouvertement et secrètement. Il faut faire comprendre au pouvoir algérien que la France ne laissera pas mourir l’un de ses écrivains les plus brillants dans une cellule pour le simple crime d’avoir dit la vérité.
Un symbole plus grand que lui
Sansal, ce n’est pas qu’un écrivain. C’est un symbole. Celui de la liberté face à l’idéologie. Celui de la mémoire face à la manipulation. Celui de la double culture franco-algérienne qui refuse l’assignation identitaire. Et peut-être est-ce cela, le vrai motif de son emprisonnement.
La France se grandirait en allant chercher Boualem Sansal. Ne rien faire, c’est laisser mourir non seulement un homme, mais aussi un certain idéal de courage, de dignité et d’intelligence. Il est encore temps de montrer que nous sommes à la hauteur. Ou bien faudra-t-il, plus tard, pleurer notre lâcheté au nom des droits de l’homme que nous n’aurons pas défendus ?