Il fut un temps où la France brillait dans les sciences du vivant, où l’on pouvait citer Pasteur, Curie, Montagnier sans rougir, où les laboratoires tricolores rivalisaient avec les meilleurs. Aujourd’hui ? C’est Pékin qui donne le tempo. Le plus grand dynamisme en matière de traitements anticancéreux ne vient ni de Paris, ni de Londres, ni de Berlin, mais de Shanghaï. Et pendant que les mandarins de notre haute administration de la santé organisent colloques et plans quinquennaux, la Chine, elle, soigne, innove, et vend.
Pendant que nous taxons, les Chinois déposent des brevets
Le constat est limpide : sur le front de la lutte contre le cancer, la Chine a désormais dépassé l’Europe. En 2024, elle a mené 39 % des essais cliniques mondiaux en oncologie. L’Europe ? À peine 20 %. Il y a quelques années encore, les biotechs chinoises passaient pour de simples sous-traitants bons à produire à bas coût. Aujourd’hui, elles conçoivent les molécules, maîtrisent les plateformes technologiques, signent avec Pfizer et Merck, et mettent sur le marché des traitements plus performants que ceux de l’Oncle Sam.
Pendant ce temps, chez nous ? On se gargarise de résolutions européennes et de réunions à Bruxelles, on ferme des lits, on démotive les chercheurs à coups de paperasse et de primes de misère. L’État français sabre les crédits publics, abandonne les startups prometteuses, et regarde passer le train chinois avec la morgue satisfaite du rentier aveugle.
La souveraineté sanitaire, un slogan vide
Il y a dix ans, la Chine décidait de devenir souveraine dans le domaine de la santé. Dix ans plus tard, elle y est. Grâce à un État stratège, à des retours massifs de chercheurs expatriés, aux fameuses « sea turtles », elle a bâti un écosystème de santé aussi dynamique que redoutable. Et nous ? Nous avons Sanofi, dont la direction semble plus préoccupée de communication verte que de percées thérapeutiques.
Dans les discours, la souveraineté sanitaire est sur toutes les lèvres. Dans les actes, ce sont les Américains qui investissent massivement… en Chine. Rien qu’en 2024, les Big Pharma occidentales ont signé pour 41 milliards de dollars d’accords de licence avec les biotechs chinoises. En clair : notre argent finance leurs brevets.
La France, ce grand hôpital de campagne sans médecin-chef
Qu’avons-nous fait, nous autres Français ? Nous avons confié la santé publique à des technocrates qui passent leur temps à éteindre des incendies qu’ils ont eux-mêmes allumés. Nous avons transformé les hôpitaux en centres de tri. Nous avons vidé la recherche publique de son sang. Et maintenant que les Chinois récoltent les fruits de leur stratégie, nous feignons de découvrir qu’ils prennent la tête de la course.
La santé ne devrait pas être qu’un marché, certes. Mais si la France ne veut pas devenir une colonie pharmaceutique de plus, il va falloir se réveiller. Car pendant que nous nous endormons dans la satisfaction bureaucratique, la Chine soigne, guérit, et encaisse.