Les trois auditions de mercredi ont révélé des dysfonctionnements rocambolesques.

Ils se sont succédés devant la commission parlementaire ; Patrick Strzoda, directeur de cabinet du Président de la république, Christophe Castaner, « nouveau » ministre de l’Intérieur, et Jean-Yves Le Drian, ministre des affaires étrangères.

L’affaire Benalla, ils en ont soupé, c’est évident. Ce zébulon incontrôlable, ce voyou placé par négligence présidentielle dans les sommets de l’Etat, ils voudraient bien le ranger et qu’on n’en parle plus. Leur problème, c’est que plus on en parle, plus on découvre de raisons d’en parler.

Quelques infos glanées en vrac :

  • Il suffit d’envoyer un courrier avec un bon papier en-tête et stipulé « original signé » pour faire croire à n’importe quel ministère que ledit courrier est légitime et que l’original – qu’on ne demande jamais – est vraiment signé.
  • L’ambassadeur de France au Tchad n’a pas cru intéressant d’informer sa tutelle de l’arrivée de Benalla en jet privé à N’Djaména.
  • Deux passeports de Benalla furent fournis par l’Intérieur, et deux autres (!) par les Affaires étrangères
  • Il n’y avait aucun moyen technique légal de stopper le contrevenant dans l’utilisation de ses passeports aux aéroports. On a fini par mettre ces passeports sur des listes Interpol pour y parvenir.
  • Les systèmes informatiques de l’Intérieur et des Affaires étrangères ne sont pas compatibles.
  • Il y a dans la nature plus d’une vingtaine de passeports diplomatiques qui auraient déjà dû être rendus et qui ne le sont pas encore.

Le choc culturel entre un Benalla qui se comporte comme une racaille du 93 et les habitudes feutrées des Affaires étrangères explique en grande partie le délire auquel on assiste aujourd’hui. Chacun l’a très bien expliqué : l’affaire Benalla a enchaîné les précédents. Jamais, par exemple, n’avait-on eu besoin d’inventer et d’enclencher une procédure pour récupérer des passeports diplomatiques. Ou bien les détenteurs respectaient leur parole et le rendait à la fin de leur mission, ou bien, s’ils « oubliaient » de le rendre, ce n’était pas pour l’utiliser indûment, mais probablement plutôt comme un souvenir de leur gloire passée. Le comportement de Benalla, personne n’y était préparé.

Le 21 janvier, le jeune Benalla va revenir devant les parlementaires. Ceux-là mêmes devant lesquels il avait levé la main droite et dit « Je le jure ». Ca promet du sport.

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