À Phoenix, sous le soleil écrasant de l’Arizona, quelque chose s’est fissuré. Ou plutôt, quelque chose s’est refermé : la parenthèse de la culpabilité permanente. En affirmant qu’« on n’a plus à s’excuser d’être blanc », JD Vance n’a pas seulement provoqué la gauche américaine. Il a acté un basculement idéologique majeur, déjà à l’œuvre mais désormais assumé au sommet de l’État.
Car son discours, prononcé lors de l’AmericaFest 2025, n’est ni une outrance ni une improvisation. Il est le fruit d’années de ressentiment accumulé par une Amérique périphérique, religieuse, ouvrière, que les élites progressistes ont méprisée avec constance. Vance ne parle pas à la marge : il parle au cœur.
La fin de la repentance comme programme politique
Pendant des années, l’Occident s’est soumis à une liturgie expiatoire. S’excuser d’exister, s’excuser d’hériter, s’excuser de transmettre. La couleur de peau, l’histoire, la culture, tout devait être déconstruit, dilué, repentant. En une phrase, Vance balaie ce logiciel. Non pas pour nier les fautes du passé, mais pour refuser qu’elles deviennent une condamnation perpétuelle.
Ce qui frappe, c’est l’accueil réservé à ce discours. Enthousiaste. Compact. Presque libérateur. Casquettes MAGA, slogans bibliques, drapeaux américains : loin d’un folklore, une démonstration de force culturelle. L’Amérique que l’on disait divisée se retrouve autour d’un refus commun : celui de l’humiliation morale.
Foi, identité, frontières : le retour du réel
Vance parle de foi chrétienne, d’immigration, de continuité civilisationnelle. Autant de thèmes bannis du débat respectable en Europe, mais redevenus centraux aux États-Unis. Là où Bruxelles multiplie les chartes et les injonctions morales, Washington redécouvre le langage du réel.
Cette cohérence idéologique explique pourquoi JD Vance apparaît déjà comme l’héritier naturel de Donald Trump. Moins provocateur, plus structuré, intellectuellement armé, catholique, il incarne une droite de combat débarrassée du complexe d’infériorité.
Et pendant ce temps, l’Europe…
Ce qui se joue à Phoenix devrait inquiéter les capitales européennes. Car pendant que l’Amérique se libère de la culpabilité imposée par ses propres élites, l’Europe s’y enfonce davantage. Ici, toute affirmation identitaire est suspecte. Là-bas, elle devient un moteur politique.
La question n’est donc pas de savoir si Vance choque. La vraie question est ailleurs : pourquoi ce discours, tenu sur le sol américain, résonne-t-il autant chez nous ? Peut-être parce qu’il dit, sans détour, ce que tant de peuples occidentaux pensent sans pouvoir l’exprimer.
À Phoenix, la droite américaine n’a pas seulement trouvé un homme. Elle a trouvé une direction. Et pour la première fois depuis longtemps, elle n’a plus l’air de s’excuser.