Les Français se croient libres, intelligents et instruits. Si tel était le cas, notre système politique, économique, juridique, de santé auraient été bien conçus, et nos résultats seraient bons en tous domaines.
L’admirable et héroïque Marc Bloch (L’étrange défaite) constatait déjà en 1940 que c’est la chaîne du commandement qui avait failli, et causé la débâcle. Il préconisait de supprimer les Grandes Écoles (dont il était lui-même sorti).
Pourtant, peu de médias et de politiques le suivent et font la relation des conséquences (la calamiteuse préparation et gestion de la crise épidémique et économique), avec leur cause (les failles béantes de notre système d’instruction). Or, toute erreur de décision est le résultat d’un défaut de méthode (ou d’une compromission). Le défaut de méthode provient d’un système d’instruction détruit : école abaissée par les »pédagogistes », enseignement supérieur effondré sous le poids d’effectifs artificiellement massifs, dont 80 % ne terminent pas leur cursus, mise à sac des programmes d’histoire et de littérature, abandon du latin et du grec, le tout maths et techniques, et surtout l’abandon des disciplines essentielles à la pensée et à son expression (dialectique, sémantique, rhétorique).
L’état des capacités intellectuelles nationales est désormais désastreux.
Des médecins ont étalé : ignorance pontifiante, contradictions, jalousies et animosités. Les politiciens aux affaires ont donné un spectacle d’indécision, d’incompétence et même d’absence de simple bon sens. Le masque, à lui seul, est le symbole de cette faillite.
Effarés, les Français découvrent que leur industrie, délocalisée, éparpillée, vendue au plus offrant, a perdu en 20 ans la moitié de sa part du PIB, et des millions d’emplois. Le journalisme est bâclé, pipolisé, la bien-pensance unique est toujours prête à lyncher les dissidents, et la finance exerce des pressions souterraines (sur les médias, les économistes, les juristes, le corps médical) : la crise sanitaire, comme auparavant les guerres perdues, met à nu notre indigence intellectuelle. Cependant l’opinion sent bien que désormais l’enjeu vital, est de remettre l’économie sur ses rails.
Mais déjà les virus intellectuels sont à l’œuvre.
Certes, les médias, les politiques, Bruxelles, s’affairent au sujet du »tsunami économique » qui vient. Toutefois, on est catastrophé de la teneur de certaines réponses à l’effondrement économique et social qui va frapper notre pays. Les complexés du showbiz, s’imaginent en graves penseurs : Hulot en appelle à un »lobby des consciences » (?), faisant écho à son ancien patron ( »sachons nous réinventer » sic). La culmination vient d’un tutti frutti de 200 artistes et quelques scientifiques (?) qui en appellent à la »fin du consumérisme » (dont ils n’ont qu’une compréhension vague) ; comme si le consumérisme avait fabriqué et répandu le virus. Consternant que Le Monde édite un tel texte alors qu’il censure des économistes dissidents de très haut niveau.
La griffe de la Finance ? Les lobbys appointés, d’Euronews au Cercle des économistes, en passant par la Fondation Schuman, ressassent leurs antiennes, comme les duettistes Cohn-Bendit et Ferry, en sinécure sur LCI. Pour que rien ne change, et surtout pas la mondialisation, Bruxelles et la finance. Certes, certains accusent le libéralisme mondialiste. Certes, Onfray fait œuvre salutaire avec son cercle de réflexion souverainiste, droite et gauche. S’agissant de la thérapeutique, et non plus du diagnostic, l’impensable Trichet ressasse ses mantras de directeur de la BCE : le multilatéralisme, la gestion budgétaire »sage » (restreindre la dépense publique et sociale, augmenter la fiscalité, rembourser la dette). Soit continuer à chaud la politique qui a déjà tellement échoué à froid…
C’est bien à sa racine qu’il faudra tuer le mal : le système d’instruction devra développer la technique de raisonnement et diffuser les principes de l’intérêt supérieur de la nation et de la liberté de choisir démocratiquement son destin.
Alors que les Français découvrent que leur pays est incapable de produire des masques, des tests, des médicaments, des respirateurs, il est odieux de lire ici ou là que les relocalisations seraient un »mirage », une »illusion ».
Dans la France d’avant-guerre, un virus incapacitant avait déjà attaqué le cerveau national. Lire, sur ces sujets essentiels, les opinions scientifiques de Lafay, Gréau, J.Sapir, Werrebrouck, P-Y Gomez et du regretté Allais (Nobel d’économie).