Nos confrères du Figaro publient un gigantesque dossier sur l’ingérence islamiste dans les clubs de sport français. Nous en avons sélectionné quelques extraits.

Refus d’une section féminine, de serrer la main à un arbitre, ou de s’incliner devant l’adversaire. Demandes de vestiaires distincts pour les joueurs musulmans, d’adaptation du calendrier des compétitions aux fêtes religieuses. Prières dans les clubs, prosélytisme sur les réseaux sociaux. Au-delà des revendications de port du hidjab ou du burkini, ce sont « de multiples et inquiétantes dérives communautaristes et islamistes » qui se propagent dans le sport institué, et plus encore dans le sport loisir, alerte une « mission flash » de l’Assemblée nationale sur le sujet, qui rendra son rapport ce mercredi. Face à ces nouveaux comportements « en rupture avec le pacte républicain », pressent les deux rapporteurs, « Marianne doit muscler son jeu ».

« Si la mesure de ces dérives est difficile, leur réalité est inquiétante et affecte plus particulièrement le football, certains sports de combat et, dans une moindre mesure, le basketball », font remarquer Caroline Yadan, députée (Ensemble pour la République) représentant les Français établis hors de France et Julien Odoul, son collègue (RN) de l’Yonne. Leurs travaux ont permis de recenser « entre 25 et 130 associations sportives à visée séparatiste », dirigées par « des individus organisant, à l’initiative notamment des Frères musulmans, un projet en rupture avec la République ».

« Dans ces structures, le sport est carrément un outil de diffusion de pratiques islamistes, explique Caroline Yadan. Hassan al-Banna, fondateur des Frères musulmans, l’avait d’ailleurs spécifié : “Le sport est un moyen pour nous.” » Directrice générale de la Ligue de Paris Île-de-France de football, Sophie Germain confirme : « Les clubs deviennent des lieux de conquête », assure-t-elle, ajoutant que « des tentatives de pénétration des instances dirigeantes sont à craindre ».

« Dans certains territoires, la cote d’alerte est dépassée », mettent en garde les députés. Qui comptabilisent « plus de 500 clubs confrontés à des comportements communautaristes ». Cité dans le rapport, un document de la région Île-de-France établi en 2024 évalue à « une trentaine » le nombre « de clubs sportifs franciliens en réelle difficulté autour de phénomènes de radicalisation ». Lors de son audition, la direction nationale du renseignement territorial (DNRT), compétente sur le reste du territoire, a indiqué qu’« au cours des dix-huit derniers mois, vingt-trois structures sportives séparatistes, réparties sur dix-sept départements » ont été suivies.

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Mais ces dérives empruntent désormais de nouvelles formes. Comme le refus de la création d’une section féminine, par exemple, qui, s’ajoutant à « l’utilisation d’un signe emblématique de la religion musulmane comme logo du club, apposé sur le maillot des joueurs », avait motivé en 2024 le retrait de l’agrément du Sète Olympique Football Club. Ou encore des aménagements pour que des jeunes filles ne croisent pas les membres masculins d’une même structure.

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Les députés pointent également « le comportement permissif, voire militant, de certaines collectivités ». En mai 2022, rappellent-ils, le conseil municipal de Grenoble a adopté une délibération autorisant le port du burkini dans les piscines, avant que cette décision ne soit suspendue par le tribunal administratif, suspension confirmée ensuite par le Conseil d’État. Le burkini est en revanche toujours autorisé dans les piscines de Rennes. Quant à la ville de Noisy-le-Sec, en Seine-Saint-Denis, elle a soutenu en 2024 un tournoi de « basket pour toutes » organisé dans le but de contester l’interdiction du port d’un couvre-chef religieux en compétition, décidée par la fédération. Il est pourtant possible d’« agir de manière efficace contre ces dérives » : en 2022, la municipalité de Montauban a par exemple privé de subvention et d’accès aux gymnases de la ville un club de boxe soupçonné de séparatisme.

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Sans compter que même lorsqu’un officiel est présent, il peut subir des pressions le conduisant à fermer les yeux : « Le président de la Fédération française de basketball a reçu des menaces de mort, relate Caroline Yadan. Celui de taekwondo a été victime d’intimidations physiques. De nombreuses pressions des familles nous ont également été rapportées. » En 2024, le préfet de l’Hérault a été le seul à suspendre l’agrément de deux clubs pour des comportements séparatistes. Autre invraisemblance : « Si le code du sport permet aujourd’hui d’écarter une personne mise en cause, mais non encore condamnée, pour une infraction sexuelle, relève Caroline Yadan, il interdit d’écarter une personne mise en cause, mais non encore condamnée, pour des faits, par exemple, d’apologie du terrorisme et dont le nom serait inscrit au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions terroristes. »

Résultat, « la totalité des fédérations entendues, aussi bien celles qui proscrivent le port d’un signe manifestant une appartenance religieuse que celles qui l’autorisent, appellent de leurs vœux une intervention du législateur, insiste la corapporteur. Le Comité national olympique et sportif français a également exprimé le souhait d’une clarification du droit. J’ai l’impression que si on ne légifère pas, on laissera s’installer une espèce de normalisation de ces pratiques, dont on ne voit pas suffisamment la dangerosité. »