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Face à ce qu’il appelle « une considérable agitation populaire », le philosophe Alain Badiou, interrogé sur France Culture, propose de revenir aux origines du communisme.

Je pense que le monde, tel qu’il est aujourd’hui, commence à être troublé, puisque nous assistons quand même dans ces dernières années, sous des formes extraordinairement variées, à propos d’enjeux extrêmement disparates, à une considérable agitation populaire.

Ça peut être la protestation contre un gouvernement corrompu ici, là contre une mesure inacceptable, ailleurs, contre la perte du travail, etc. Donc des motifs très variables.

Une masse de gens, de façon dispersée et massive en même temps, considère qu’on ne peut pas continuer dans la voie existante.

La question est, au fond, de savoir si la situation actuelle, où on a d’un côté un processus accéléré de concentration vertigineuse du capital avec les dévastations que ça entraîne, et de l’autre, des mouvements multiformes, etc., est-ce que cette situation ne porte pas, à un moment donné, la nécessité d’une vision d’ensemble ?

C’est ça que j’appellerais une nouvelle hypothèse communiste, au sens où elle remettrait en scène la conviction que ce qui est commun ne doit pas être approprié de façon privée.

Mais [le] communisme, me semble-t-il, a été l’hypothèse qui portait cela. Elle a pris une forme étatique et despotique qui a finalement enterré son existence. Il faut la ressusciter, au vu de la situation déchaînée du capitalisme triomphant.

Le mot privatisation, du reste, est un mot caractéristique de notre période. Macron pousse le bouchon assez loin de ce point de vue là, dans les privatisations, les aéroports, à la Française des Jeux, etc. etc. Et ce qui peut s’opposer à un mouvement de privatisation comme symbole majeur de la période, c’est tout de même nécessairement un mouvement qui va rappeler que ce qui a une destination commune, ce qui est un bien commun de l’humanité, doit être approprié collectivement, voilà.

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