Le 8 mars, à l’occasion de la Journée des droits des femmes, le nom de Suzanne Citron a été donné au bâtiment des Archives départementales de Bobigny.

Suzanne Citron était enseignante à Paris XIII-Villetaneuse à la fin des années 70. C’est là qu’elle a commencé à détruire le roman national qui faisait l’unité nationale.

« Suzanne Citron a été l’une des pionnières de la déconstruction du roman national, rappelle Laurence De Cock, elle-même historienne à l’université Paris-Cité qui a bien connu celle qu’elle considère comme une source d’inspiration. Dans « Le Mythe national », un ouvrage qu’elle écrit en 1987, elle s’empare de tous les manuels scolaires de la 3e République jusqu’aux années 80 pour montrer comment s’est construit le roman national, en invisibilisant pour cela d’autres pans de l’histoire de France moins glorieux. »

« La guerre d’Algérie notamment l’avait beaucoup choquée. Quand elle a appris qu’on y pratiquait notamment la torture, cela a réveillé en elle des choses qui l’insupportaient. Et voyant que dans les écoles l’enseignement de la colonisation restait encore très aseptisé, elle s’est demandé comment y remédier », raconte encore Laurence De Cock qui aura connu l’historienne au début des années 2000 au sein du Comité de vigilance face aux usages publics de l’histoire (CVUH), avant de se lier d’amitié avec elle.

Après 10 années d’enseignement à la fac de Paris XIII-Villetaneuse, où elle formait par ailleurs gratuitement des professeurs à la manière d’enseigner l’histoire, Suzanne Citron prend donc la plume pour écrire « Le Mythe national. L’histoire de France revisitée », qui dénonce le fait que l’on résume l’histoire de France à une sorte de récit aux images d’Epinal : Vercingétorix, Charlemagne ou Jeanne d’Arc…

J’ai trouvé dans l’histoire scolaire, une histoire de la raison d’État“, explique-t-elle notamment au sujet de son ouvrage.

Plaidant pour une histoire de France qui intégrerait pleinement l’histoire de l’immigration et la rendrait un peu plus diverse, non assignée à une identité nationale, « Le Mythe national » connaît une seconde jeunesse quand, en 2017, Laurence De Cock l’offre sur le plateau de l’Emission politique à François Fillon, alors candidat de la droite aux élections présidentielles.

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