Amende contre X : la dérive autoritaire de l’UE

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Il faut parfois un électrochoc pour mesurer la pente sur laquelle nous glissons. La nouvelle amende infligée à X — ex-Twitter — par la Commission européenne n’a rien d’un simple rappel réglementaire. C’est un signal. Un avertissement. Une démonstration de force bureaucratique qui vise moins une entreprise qu’un principe : la liberté d’expression hors du contrôle de Bruxelles.

Cent vingt millions d’euros. Le chiffre donne le vertige, mais il dit surtout la jubilation d’une administration qui a trouvé dans le Digital Services Act l’arme parfaite : un texte flou, extensible, permettant de frapper lourdement quiconque refuse de se plier à la vision du monde de l’eurocratie. Les « pratiques trompeuses », la sacro-sainte « transparence », l’éternel « registre publicitaire » : derrière ces formules technocratiques, une réalité beaucoup plus simple se dessine. Bruxelles veut trier, filtrer, surveiller, et punir ceux qui refusent d’entrer dans le moule.


Ce qui gêne réellement ? Pas les coches bleues. Pas la publicité. Pas les API pour les chercheurs. Ce qui gêne, c’est qu’avec Musk aux commandes, X échappe à la vieille logique européenne de domestication des plateformes. L’idée qu’un réseau social puisse permettre un débat rugueux, imprévisible, non calibré par les commissaires et leurs cabinets, terrifie les rédacteurs de directives mieux que n’importe quel scénario dystopique.

L’indignation américaine, immédiate, en dit long. Washington n’a pas l’habitude de se mêler des susceptibilités numériques européennes, mais la brutalité de la sanction a fait réagir jusqu’au Département d’État, qui y voit une attaque contre l’industrie technologique américaine tout entière. Et pour une fois, ce n’est pas de la paranoïa : l’UE entend bel et bien montrer qu’elle peut frapper les géants américains, quitte à instrumentaliser des textes prétendument conçus pour « protéger les citoyens ».

Le plus inquiétant n’est pas la sanction, mais l’assurance avec laquelle elle est délivrée. Un ton professoral, presque condescendant. Bruxelles donne des « délais », demande des « plans d’action », et se réserve le droit d’alourdir les pénalités si la plateforme ne corrige pas son comportement. Comme si l’Union européenne était devenue un tribunal moral chargé de rééduquer les mauvais élèves de l’économie numérique mondiale.

Dans ce climat, que Musk réponde en estimant que l’Union européenne devrait être dissoute n’a rien de surprenant. Ce n’est pas tant une provocation qu’un constat : une structure politique incapable d’assumer son propre déclin fabrique des normes pour masquer son impuissance. Et comme toute institution en perte de repères, elle multiplie les sanctions pour donner l’illusion de la maîtrise.

Derrière cette affaire, il y a une vérité que beaucoup préfèrent éviter : l’UE ne protège plus. Elle surveille. Elle ne libère plus. Elle encadre. Elle ne régule plus. Elle discipline.

Le Vieux Continent s’enfonce ainsi dans une forme de gouvernance punitive où la priorité n’est plus la liberté des peuples, mais la conformité des outils qu’ils utilisent. Musk n’est que la cible du moment. Demain, ce sera un autre. Et après-demain, peut-être les citoyens eux-mêmes.

La hache de guerre est levée, dit-on. En réalité, elle l’était déjà. Bruxelles vient simplement d’admettre qu’elle avait choisi son camp : celui du contrôle. Celui de la peur du débat libre. Celui d’une Europe qui oublie qu’elle fut un jour un phare de liberté intellectuelle.

Aujourd’hui, elle n’est plus qu’un phare éteint, mais extrêmement pointilleux sur les procédures.

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