En Europe, l’industrie militaire fabrique à nouveau

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L’industrie d’armement européenne affiche une vigueur qu’on n’espérait plus. Après des années de sommeil, le continent se remet à produire, investir, planifier. Les données du Sipri sont limpides : les 26 industriels européens du Top 100 mondial voient leurs ventes bondir de 13 %. Dans un univers aussi lourd et lent que l’armement, une telle accélération n’arrive pas par hasard.

La France s’y redéploie

Contrairement au déclin qui est le sien dans les autres domaines de l’industrie, la France montre une capacité à relancer rapidement ses lignes de production dans le secteur de la défense. Thales grimpe dans le classement mondial, Dassault maintient une aura intacte grâce au succès continu du Rafale, Nexter – au sein de KNDS – triple la cadence des canons Caesar, véritable symbole du retour à une industrie capable de répondre à la demande en temps réel.


Ce ne sont pas des slogans : les chaînes tournent, les cadences augmentent et les commandes affluent. Le Caesar illustre mieux que n’importe quel discours le savoir-faire français : robuste, précis, fiable, produit en série sans sacrifier la qualité. Une démonstration éclatante que la France n’a rien perdu de son génie mécanique.

Dépendants depuis des décennies des États-Unis pour leurs achats militaires, les Européens comprennent que la protection de leur souveraineté passe d’abord par leurs propres usines. L’arrivée de BAE Systems dans le Top 5 mondial montre que le renouveau n’est pas limité à Paris ou Berlin, mais la France occupe une position singulière : elle possède l’un des rares écosystèmes de défense intégrés, capable de produire de l’électronique, des radars, des avions, des blindés, des missiles et même des sous-marins nucléaires.

L’Europe redécouvre alors une évidence : lorsqu’elle fabrique, elle existe. Et lorsqu’elle existe, elle inspire davantage le respect que lorsqu’elle s’en remet naïvement à Washington.

Une nécessité ?

L’Ukraine, Gaza, les tensions mondiales : l’époque impose des décisions concrètes. Les industriels français – Safran pour les gyroscopes, MBDA pour les missiles, Airbus pour le spatial et les hélicoptères – sont au cœur de ce mouvement. Ils modernisent, investissent, recrutent, tout en veillant à ne pas laisser filer les compétences.

On retrouve un réflexe que l’on croyait disparu : prévoir non pas en années, mais en décennies. Un pays qui sait produire ses propres armements se donne les moyens d’une autonomie stratégique authentique.

Le défi des matières premières : un test pour la France

Évidemment, la dépendance envers la Chine pour les métaux critiques complique la tâche. La France identifie des gisements, explore des pistes de recyclage, et cherche des solutions crédibles pour sécuriser ses approvisionnements. Ce n’est pas un caprice écologique ou technocratique : sans gallium, sans titane, sans terres rares, pas de radars Thales, pas de missiles MBDA, pas d’avion de chasse de nouvelle génération.

La prise de conscience est tardive, mais réelle. Et surtout, les industriels français ont déjà prouvé leur capacité à reconstituer une filière lorsqu’ils en ont la volonté.

Une occasion historique

Ce retour de l’industrie d’armement européenne n’est pas seulement une bonne nouvelle économique : c’est un signe de maturité stratégique. La France peut jouer un rôle moteur dans cette dynamique. Elle en a les compétences, les entreprises, les ingénieurs, l’expérience historique.

L’Europe, perpétuellement hésitante, se retrouve face à une chance unique : redevenir actrice de sa propre sécurité. Pour la première fois depuis longtemps, ce choix n’est plus théorique. Les usines françaises, allemandes, italiennes tournent. Et lorsqu’un continent recommence à fabriquer ce qui assure sa protection, il cesse d’être fragile.

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