Il y a des images qui suffisent, à elles seules, à illustrer l’état moral d’une nation. Celle d’un homme allumant tranquillement sa cigarette sur la flamme du Soldat inconnu, sous l’Arc de Triomphe, est de celles-là. Il ne s’agit pas d’un “dérapage”, ni d’un “manque de repères”. Non, il s’agit d’un acte volontaire, froid, arrogant, accompli sous le regard passif de quelques badauds qui n’ont pas bougé.
Le geste est doublement obscène. D’abord, parce qu’il profane un sanctuaire national, ce lieu unique où dort un soldat sans nom, symbole de tous ceux qui sont morts pour la France. Ensuite, parce qu’il révèle un phénomène plus large : la disparition de toute sacralité dans l’espace public. Plus rien n’est respecté, plus rien n’est tenu pour inviolable, plus rien n’est sacré. On incendie les églises, on arrache les drapeaux, et désormais, on fume sur les tombes.
La réponse de l’État ? Une garde à vue, une promesse de sanctions, une déclaration ferme du ministre sur les réseaux sociaux. Bref, le rituel habituel de l’indignation automatisée. Mais qui peut croire que la France de 2025 a encore les moyens de faire respecter ses symboles quand elle est incapable de faire respecter son autorité ?
Et pendant ce temps, la ministre déléguée à la Mémoire saisit la justice. Bravo. Mais qui saisira la Nation, elle, de ce qu’on est en train de lui faire subir chaque jour ? Qui osera dire que ce geste est l’un des fruits amers d’une République qui ne sait plus élever ni punir ?
Allumer une cigarette sur la flamme sacrée, c’est un crachat au visage de ceux qui ont tout donné pour qu’on puisse vivre libre. Et si ce crachat reste impuni ou banalisé, c’est que la France, elle-même, a renoncé à se faire respecter. À ce rythme, ce n’est plus la flamme du souvenir qu’on entretiendra, c’est celle du renoncement.
Il est temps de raviver plus qu’un feu : il faut raviver la conscience nationale. Avant que l’on ne s’habitue définitivement à voir les monuments de notre gloire devenir les cendriers de notre déclin.
L’homme qui a profané la tombe du Soldat inconnu en allumant une cigarette avec la flamme du souvenir a été interpellé à Paris pour violation de sépulture, tombeau, urne ou monument édifié à la mémoire des morts. Il a été placé en garde à vue et a reconnu les faits. À la suite du…
— Bruno Retailleau (@BrunoRetailleau) August 5, 2025
